Dans la Loire, le chef Christophe Roure a élu domicile dans la petite gare désaffectée de Saint Just-Saint Rambert pour y installer son restaurant Le Neuvième Art.

Un volume de dimension modeste, redistribué en trois salles ouvertes, placé sous le signe du blanc cassé, du gris perle, du noir et du métal. Un décor sobre, presque minimaliste, avec les sculptures de Stéphane Caniard parfois déclinées en lustres et des tables à la présentation impeccable : nappe blanc cassé, set de table et coupelle à pain en ardoise, bougeoir et couverts en métal brossé, sans ostentation ni tape à l'oeil.

3 entrées, 3 poissons, 3 viandes et 3 desserts pour une carte limitée mais soigneusement élaborée qui se présente également en un menu classique à 42 €, un menu 3 plats à 60 € et un menu confiance à 75 €. La carte des vins est riche et variée tout en restant abordable.

Le service, dans des assiettes, plats ou coupelles très singuliers et différenciés selon chaque plat, est net, précis, tout en restant convivial avec une présentation exhaustive de chaque plat, les éventuels conseils du chef quant à leur dégustation et un goût sûr pour les vins.

Deux mises en bouche permettent immédiatement de mesurer le savoir-faire du chef : le crabe au tandori reconstitué dans sa carapace flamboyante sous une algue cristallisée et le petit cake au mais revenu au miel avec sa pointe de caviar vous entraînent directement dans les délices des fonds marins et la crême de cèpes et chataignes avec sa tuile à la poudre de cèpes dans les sous bois du Forez.

Une véritable symphonie de saveurs, de senteurs, de couleurs et de beautés orchestrée autour de produits simples, du chou à la pomme, de la figue à l'agneau et de produits du terroir forézien qu'il marie à des épices exotiques. Tandori, curcuma et fève de Tonka excitent l'imagination et la présentation de chaque mets nous emmène pour de lointains voyages.

Voyage dans l'espace mais aussi dans le temps pour un retour aux jours heureux de l'enfance avec le fondant coco Bounty et la sucette glacée au gingembre.

Passer en revue chaque création, car chaque plat est le fruit d'une réflexion et d'un véritable travail tant du produit que de l'imagination, ne ferait qu'attiser votre curiosité sans parvenir à vous restituer leur majesté.

Impossible toutefois de passer sous silence le saut de l'ange de la brochette de grosse langoustine en kadaif qui, délaissant le saucisson vieux cuit mêlé de chou vert, s'élance à la recherche de la poudre de loup, le secret du chausson de Naples qui recèle un ris de veau aux morilles servi avec une pomme macaire et un petit pot d'huile de noisette grillée ou la délicieuse et merveilleuse variation poétique autour du jardin des Hespérides avec la pomme du Pilat en tatin décomposée sur un lit de crème sous un dôme de caramel filé, qui recompose une pomme à la manière d'un coeur en cage, accompagnée d'une crème glacée à la cannelle et tuile en forme de pomme.

Et, en ce début d'année, la palme revient sans doute au foie gras cuit au sautoir sur une confiture de pamplemousse et servi avec un jus acidulé à la gentiane servi dans une sculpture en forme de chausse pieds et aux Saint Jacques à la truffe et aux oeufs à la neige coiffées d'une capeline transparente !

Comme le nom donné à son établissement, la gastronomie est élevée au rang d'art majeur et Christophe Roure, parti à l'assaut de ses sommets, a atteint les fameuses étoiles.