Pas de première partie ce soir au Mondo Bizarro. Un seul concert, une seule star : Lydia Lunch, égerie underground new yorkaise des années 80, ex-chanteuse de Teenage Jesus.
La foule qui se presse dans la petite salle enfumée montre la célebrité de l'artiste : tout le monde est serré, il fait chaud et c'est assez rare de voir autant de monde ici pour un seul concert.
Un roadie vient installer les bouteilles d'eau et le vin en grognant - 'what a mess, what a mess!'- et est assez vite rejoint par Ian White de Gallon Drunk qui prend sa guitare et attend ses compères. Pour parvenir à la scène il faut traverser le public et c'est une Lydia Lunch un peu courroucée qui se faufile jusqu'au podium en tenant son sac à main. Le spectacle peut commencer.
Premières impressions : l'égerie punk a vieilli mais elle continue a porter un petit haut sexy et surtout, elle n'a rien perdu de sa voix rauque et posée. L'artiste semble imprévisible : elle passe d'une chanson sombre lynchienne à un exercice de spoken words fustigeant la guerre et la religion. Elle plaisante, joue avec ses musiciens et explose son verre de vin à terre avant de retourner au micro.
Musicalement
elle est entourée par un trio de choc. Mark
Horse s'occupe des percussions et des bandes, debout devant
quelques toms. Ian White, en retrait au
fond de la scène, distille, en donnant l'impression de s'ennuyer,
de jolies ambiances à la guitare. Difficile cependant de
l'entendre depuis la salle.
Et enfin, last but not least, Ntshuks Bonga s'affaire au saxophone et à la clarinette, et c'est un véritable plaisir de le voir.
Souriant entre chaque morceau, il porte toute la musique par ses attaques improvisées, son jeu saccadé et sa dexterité sur ses cuivres. L'affiche parlait de lui comme d'un Very Special Guest, ce n'était pas une vaine promesse.
Quelque
peu énervée par le public toujours un peu chaud du
Mondo Bizarro, Lydia Lunch se fâche sur la fin, demande le
silence, ne veut pas traverser de nouveau le public pour attendre
un rappel "pavlovien" et propose directement une version
épurée de "The End des Doors".
C'était sans compter sur notre trublione habituelle (voir le concert de MASS en octobre 2004), ivre morte, qui, prenant l'idole destroy pour sa copine, cherche à monter sur scène et refuse de se taire.
Après quelques minutes de palâbres, et après avoir failli en arriver aux mains, Lydia Lunch décide enfin d'interpreter cette superbe chanson sombre et écorchée pour clore ce concert assez magique.