Dracula naît sous la plume de Bram Stoker en 1897 décernant au Comte, par la même occasion, les lettres de noblesse du roman gothique. Des romans qui ont vu le jour au début du XIXème siècle avec la naissance du vampire comme personnage de fiction.
Combien y a-t-il eu de traductions du célèbre roman ? Presque autant que de films, ai-je envie d’écrire. On comprend mieux, alors, l’importance des écrits de Bram Stoker dans l’imaginaire de chacun.
Dracula n’est pas un personnage comme les autres. Il ose défier la mort qui nous attend. Il est fort malheureux, d’ailleurs, de cette "forme" éternelle de vie qui nous fait envie. La souffrance de la "mauvaise" mort, de celle qui n’est pas aboutie, rend de fait le cheminement de Dracula autrement plus humain.
Humains nous sommes, trop peut-être, pour accepter le prix de l’immortalité.
La nouvelle traduction de Jacques Sirgent nous permet d’appréhender le "Prince des Ténèbres" avec d’autres outils que la simple représentation de la Hammer (société de production de films qui remit au goût du jour - Christopher Lee n’y est pas pour rien - le mythe du film de vampire). Tout l’art du traducteur n’est-il pas de voguer entre les lignes, de comprendre ce que d’autres refusent de voir ou de lire ? La complexité de cet art est de rester fidèle à l’auteur même si celui-ci se sait cerné par le temps. Là est la question !
Qu’est-ce que l’on nous propose si ce n’est qu’une représentation attendue, déjà lue, déjà vue ! Jacques Sirgent évite le piège.
"Dracula" est une œuvre majeure de la littérature et l’on attendait enfin une traduction permettant, sinon de comprendre l’importance livresque de Bram Stoker, du moins - à coup sûr - celle de son personnage central.
En roumain, "Dracul" signifie dragon, diable… Une vision de l’au-delà ancrée dans notre inconscient chrétien. Osons, voulez-vous, traverser le miroir et lire au-delà de la représentation, la réalité soucieuse d’un personnage qui fascine.
Alors qu’attendons nous ?