La Maison Européenne de la Photographie propose avec l'exposition "Collages de Jacques Prévert, photos détournées", de découvrir un aspect moins connu du grand public du talent de Jacques Prévert passé à la postérité avec ses scénarios de films devenus cultes, notamment ceux réalisés par Marcel Carné tels "Le Quai des brumes", "Le jour se lève", "Les Visiteurs du soir" et "Les Enfants du paradis", les paroles de chansons mythiques comme "Les feuilles mortes" et sa poésie de l'inventaire tissée simplement d'émotion et d'humour.

Rien d'étonnant à ce que cette figure du groupe surréaliste et ami des grands photographes de son temps que furent, entre autres, Man Ray, Brassaï, Robert Doisneau, Izis, et Willy Ronis, pratique également le collage pictural, comme il pratiquait le collage de mots, à partir des images et notamment de photographies qui en constituaient le matériau de prédilection.

Des images, des ciseaux, de la colle.. et un supplément d'âme

Elaborée en collaboration avec sa petite-fille Eugénie Bachelot Prévert, cette exposition permet de découvrir des oeuvres élaborées souvent à des fins privées, pour le plaisir, et destinées à ses proches et amis, illustrant par exemple ses courriers, et qui sont détenues pour la plupart par des collectionneurs privés.

Si de grands artistes comme Erro pratiquait le collage à des fins politiques et satiriques, les assemblages de Jacques Prévert s'inscrivent comme une déclinaison en images de sa veine poétique.

Ainsi procède-t-il par re-création kaléidoscopique du monde usant à l'envi du syllepse, le simages se substituant aux mots.

Au regard des collages, des maquettes et des éditions anciennes des oeuvres de Prévert avec notamment des photos de Brassaï en couverture sont également présentées.

Cette exposition permet également de prendre la mesure de la fertilité et de la pérennité du terreau surréaliste comme source d'inspiration des générations suivantes.

Ainsi, par exemple, un de ses premiers collages, "Portrait de Janine", sa femme dansant encadrée de feuilles et fleurs renvoie aux photographies saintsulpiciennes de Pierre et Gilles, son autoportrait aux mains jointes le travail de Martial Raysse, les coeurs sanguinolents des amoureux ("Les amants") au peintre bulgare Oda Jaune et d'autres tels "Le désert de Retz" aux oeuvres du graphiste Roman Cieslewicz.