Il y a 100 ans naissait Jacques-Yves Cousteau, LE commandant Cousteau. Peut-être le dernier aventurier des mers, mais à coup sûr le premier écologiste ou, du moins, le premier à avoir ressenti les prémisses d’une conscience écologique. Dès les années 60, il s’opposa au Général De Gaulle et à la politique nucléaire française. Puis, il n’eut de cesse de faire découvrir au grand public les beautés et mystères de l’océan et d’en promouvoir la préservation, à bord de son célèbre navire La Calypso, par ses documentaires et son engagement médiatique.
Dans cet ouvrage, quasi hagiographique, Marc Muguet classe en chapitres les 7 missions inspirées par Cousteau pour sauver l’océan et lui donner un futur, à savoir : la découverte des grands fonds, la surpêche, la pollution, la biodiversité, l’adaptation de l’homme à la mer, la montée des eaux et le futur. Ces 7 thèmes, illustrés par des citations d’un étonnant avant-gardisme du commandant, sont extrêmement bien documentés, aussi bien sur le plan économique, biologique, scientifique et bien sur écologique.
Mais le plus étonnant est encore le talent de prémonition de Cousteau que révèlent ses actes et ses dires. En effet, il y a 40 ans, en 1970, il énonçait déjà : "Nul impératif économique ou technologique ne nous impose la destruction générale des richesses de la Terre" et "Les requins existent depuis 400 millions d’années. Au rythme où nous les exterminons, rien de prouve qu’ils aillent beaucoup plus loin". En 1973, sans grandes illusions, il préconisait déjà des mesures coercitives : "A la vérité, un organisme international devrait être créé d’urgence, dont les attributions seraient de gérer rationnellement les océans et de permettre à toutes les nations du monde de bénéficier de leurs ressources alimentaires. Encore une utopie..."
20 ans plus tard, en 1992, il martelait encore son message : "Les Nations Unies devraient élaborer une Charte de l’Environnement et créer, pour la faire appliquer, un organisme appelé les "casques verts"".
Encore 20 ans après, de nos jours, même si une prise de conscience mondiale frémit, même si d’éminents représentants de nos gouvernements se réunissent en des lieux exotiques en des sommets plus ou moins médiatisés pour soi-disant réfléchir, le constat reste le même : le futur de l’Océan est incertain et rien n’est fait pour faire évoluer les choses.
Ce livre est comme une piqûre de rappel pour les convaincus et leur donner les arguments pour continuer à espérer, une révélation pour les sceptiques et les aider à ouvrir les yeux suffisamment tôt pour changer les choses, ou du moins pas trop tard. Car comme l’a si bien dit le Commandant Cousteau en 1990 : "Chaque génération est en droit de recevoir en héritage une planète bien vivante, non polluée, où les conditions de vie puissent garantir la dignité de la personne humaine, ce qui implique de préserver de génération en génération la qualité de l’environnement et de la vie".