Tout ou presque a déjà été dit de ces volatiles noirs. A coups d’albums brillants ou secondaires, les Black Crowes ont su sillonner le ciel du rythm n’ blues, le plus souvent bien au-dessus des couloirs aériens. Alors 20 ans après leur premier album, pourquoi pas un best of pour fêter les noces de porcelaine ?
Il est presque facile de faire une chronique d’un pot-pourri. Rien de nouveau en fait, du recyclage, du piochage tel quel à droite et à gauche. Mais là, les frères Robinson ont choisi de ne pas faciliter la tâche. Ils ont réenregistré une vingtaine de chansons en acoustique afin de constituer ce double album anniversaire.
20 ans de carrière tumultueuse depuis Shake your money maker. Ils étaient alors des petits jeunots se frottant au rythm n’ blues et, sous la houlette d’un Georges Drakoulias, réalisèrent un premier album de tout premier ordre. Une simplicité et une pertinence qui leur permettaient d’entrer directement dans la (basse-) cour des grands. Le deuxième effort The southern harmony and musical companion enfonçait définitivement le clou trois ans plus tard. Pépite gonflée de soul, de rock et de blues, rempli de chœurs gospel dégoulinant de partout, il reste un de leurs meilleurs disques.
Un premier best of simplet célébrait la première décennie d’existence du groupe. Mais pour fêter la deuxième décade les Black Crowes reprennent les choses en main ainsi que leurs instruments acoustiques. Il y a un paquet d’années, MTV lançait les unplugged. C’était alors le must pour les groupes qui de Nirvana à Springsteen se lançaient dans la révision des classiques. Ici, 20 ans, 20 titres, de l’acoustique, un retour au naturel. Sur deux CD les corbeaux réenregistrent leurs titres à la bougie sans pour autant les réinventer complètement.
Du premier opus on retrouve l’infatigable "Jealous again" qui ouvre la premiere galette ou le précautionneux "She talks to angels", chef de file de la deuxième. Les grands classiques du groupe sont bien là. La voix de Chris Robinson bien qu’un peu vieillie est toujours présente et assurément plus soul et les guitares du petit frère Rich ont une assurance à toute épreuve.
Alors que "Remedy" perd en électrique ce qu’elle gagne en finesse avec ses toujours choristes black et que "Thorn in my pride" permet à Chris de souffler effrontément dans son harmonica et aux bottlenecks de glisser sur le manche, l’ambiance aérienne d’un "Good Friday" qui aurait bien pu figurer sur un album des flamands roses fait côtoyer les nuages. Hommage d’un volatile à un autre…
Et tandis que l’émotion passe inévitablement sur la surpassée ballade "Non fiction" d’Amorica ou le vibrant "Welcome to the good times" tiré de By your side, la légèreté revient sur un "Hotel illness" entraînant et réjouissant.
Deux petits inédits de derrière les fagots complètent l’ensemble : "Cold boy smile" jamais enregistré en studio et "She" aux accents country à l’instar de "Downtown money waster". A noter également que le très réussi "Soul singing" est le seul rescapé d’un assurément faiblard Lions, alors qu’aucun titre ne représente les pourtant bien meilleurs Warpaint et Before the frost, derniers opus studios du groupe.
Enfin, dans un dernier battement d’aile, "Bad luck blues eyes Goodbye" clôture ce double album sur le tempo suave avec des chœurs toujours immensément profonds.
Et comme toujours la sempiternelle question : Un best of ? Pour qui, pourquoi ? On pouvait craindre le passage de certains titres résolument électriques. Pourtant les corbeaux s’en sortent avec dignité. Forcément on pourra toujours trouver des titres qui manquent à son top personnel, ce qui est plutôt bon signe. Les Black Crowes réalisent ici une belle rétrospective du rock et rythm n’ blues. Et malgré 20 ans de carrière derrière eux, on ne peut que se dire que de belles années se profilent encore à l’horizon.