Le slogan de ce Kill your elite festival, initié par Guerilla asso, l'association du groupe de punk parisien Guerilla Poubelle, est simple, "Jette ta télé et ramène ton cul": le message est clair.
C'est au centre culturel Curial dans le 19ème, en plein milieu d'une cité, que se déroule ce rassemblement de musique punk, ska-core, autour de Guerilla Poubelle, qui nous a pondu, pour l'occasion, une sympathique affiche avec essentiellement des amis à eux. Au menu de cette journée: Skarates, Union Jack, Marxmallows, Bloom, Full up, Les vieilles salopes et bien sûr Guerilla Poubelle.
Les consignes sont claires: pas d'alcool vendu à l'intérieur, interdiction de fumer et fermeture des portes à 20h pour éviter toutes confrontations possibles entre jeunes de la cité et keupons éméchés (l'interdiction de boire et de fumer s'arrêtant aux portes de la salle). On retrouve aujourd'hui beaucoup de styles différents allant du jeune en baggy et pompes de skates, aux irréductibles crêteux en tee-shirts Clash ou Sex Pistols en passant par quelques gothiques façon Marilyn Manson.
Alors que le début des concerts est annoncé à 14h30 j'arrive à 16h et manque donc la prestation des Skarates et d'un autre groupe appelé en remplacement des Skalators. Je débourse 5 euros (largement raisonnable pour toute une après-midi de concerts) et rentre donc dans la salle pour le set de Bloom.
3 chti du Nord-pas-de-Calais qui, musicalement sont assez proches de Guerilla Poubelle, mais qui se différencient par le nombre exorbitant de conneries racontées entre les chansons. Un sens de l'humour potache, à prendre au 10ème degré et une très forte propension à l'auto-dérision rend ce jeune groupe très sympathique.
Entre les groupes on retrouve tout le monde hors de la salle pour profiter du soleil (et de la bière) en toute tranquilité. Les habitants du quartier semble assez surpris de voir tout ce beau monde squatter leurs trottoirs mais aucun incident ne viendra troubler la bonne humeur ambiante. Pendant ce temps là le stand merchandising de GxP est pris d'assaut et les tee-shirts se vendent comme des petits pains. On note aussi le bar qui propose des canettes à 1 euro ce qui est plutôt appréciable quand, en tant que parisien, on est habitué au verre de 20cl à 3 ou 4 euro. Un stand d'animation recyclage est aussi proposé pour initier le public à des techniques d'art et d'artisanat afin de créer des objets à partir de déchets.
De retour dans la salle on assiste à la première bonne surprise musicale de la journée avec Union Jack, en référence assumé au drapeau de la Grande Bretagne. Un mélange de punk qui déménage avec quelques très légères touches de ska (d'où la présence d'un saxophoniste) et surtout d'un peu de scratchs, qui donne toute son originalité à la musique. Le chant est assuré par le bassiste, pour le côté braillard, et par le chanteur, pour les parties plus mélodiques. Le tout donne un ensemble percutant et original qui file vite la bougeotte. Le 1er album doit sortir très prochainement sur "Beer-records" (no comment), leur label, ...à surveiller.
Vient ensuite le tour de Full up, groupe de skacore rappelant les débuts des Kargol's, avec 3 cuivres et emmené par Jokoko au chant (essentiellement crié) ,dessinateur-grapheur, qui fait également parti de Guerilla dans lequel il assure quelques choeurs. A 8 sur scène les Full up envoient la sauce et font monter de quelques degrés la température dans la fosse, où ça commence à pogoter sévère. Je reste sur ma faim avec le temps réduit de leur prestation (entre 30 et 45 min même tarif pour tout le monde, c'est un festival) mais très agréablement surpris. Ils terminent par "Kisscool" des Betteraves.
La recherche d'une grande surface, pour reprendre des forces avant la suite, me fait louper le set des Marxmallows qu'on m'avait pourtant vivement recommandé. Mais apparement je ne suis pas le seul, un rapide coup d'oeil juste avant la fin montre une salle fortement vidée. Dommage.
20h, toute sortie devient définitive, tout le monde se presse à l'intérieur car commence dans peu de temps le concert des instigateurs de ce festival: Guerilla Poubelle. Formé sur les cendres encores fumantes des Betteraves (Till, chanteur-guitariste et Kojac, bassiste), GxP commence à bénéficier d'une bonne réputation (autre que celle due au passé des Betteraves) et à rameuter du monde à ses concerts.
Il faut dire que leur punk-rock engagé et humoristique est très fédérateur. Avec des textes corrosifs et une musique entraînante, GxP met le public dans sa poche et retourne la salle. Les slams (monter sur la scène et se jetter dans la foule) se succèdent et les corps s'affrontent dans la joie et la bonne humeur. Les titres se succèdent "Mon rat s'appelle Judas", "Génération inutile", "Comme un sourire", la traditionelle reprise trashisé du "Sunday bloody sunday" de U2.
Après 45 min de show la Guerilla sort de scène en vainqueur, pour ce qui était leur avant dernier concert (le dernier étant à St Marthe) avant de renter en studio cet été enregister leur 1er album , qui devrait sortir sur "Crash disques". Ils laissent la place aux Vieilles Salopes qui vont conclure cette journée.
Les Vieilles Salopes entrent en scène pour distiller leur punk à fortes tendances rock'n-roll à un public qui n'en demande pas moins. Malgré des textes un peu faciles, la musique est entraînante et le public se déchaîne. Le chant féminin apporte un peu d'originalité dans ce monde "masculin".
22h30, c'est la fin des concerts, il ne reste plus qu'à ranger. C'est l'heure du bilan, entre 200 et 300 personnes se seront déplacées en ce samedi. On espère que ce nombre sera sufisant pour encourager d'autres initiatives de ce genre, trop peu nombreuses même dans une ville comme Paris.
Merci les Guerilla, revenez nous vite.