Comédie dramatique de John Cromwell, mise en scène de Jean-Paul Bazziconi, avec Marie-Christine Barrault et Michel Carnoya.

Dans "Opening night", Marie-Christine Barrault interprète avec force, et le grand talent qui la caractérise, une comédienne sur le tard, Fanny Ellis, star déchue, ravagée par l'alcool, et qui espère retrouver son public après une longue absence et une cure de désintoxication, en remontant sur scène pour la représentation de la dernière chance.

Le spectateur suit avec délectation ses élucubrations en coulisse pendant l'heure qui précède le lever du rideau, entre caprices, bataille contre ses vieux démons, et nostalgiques évocations d'une gloire passée, qui lui a pourtant tant couté : sa vie de famille et sa santé.

A la fois monstre d'égoïsme et artiste géniale, femme fatale et ex-alcoolique aux mains tremblantes lorsqu'elles tiennent une bouteille, elle n'a plus rien à prouver mais meurt d'angoisse à l'idée de n'être plus rien dans l'imaginaire collectif. L'heure est donc aux espoirs, aux doutes mais également au bilan pour cette femme d'une grande complexité.

Dans cet instant décisif, elle est accompagnée par son "serviteur" et admirateur de toujours, interprété par Michel Carnoy, qui relève le défit d'exister à part entière face au monstre scénique que sont à la fois Fanny Ellis et Marie-Chritine Barrault.

En plaçant son récit du côté des coulisses, John Cromwell, l'auteur, nous livre outre le combat d'une femme, une réflexion poussée sur ce qui est selon lui "le plus beau métier du monde", celui de comédien, qui se vit entre folie et passion, toujours sous les feux de la rampe, avec toutes les difficultés et les ambiguïtés que cela suppose quand le rideau tombe.

Jean-Paul Bazziconi, à la mise en scène, a pris un plaisir évident à faire travailler les deux comédiens et à livrer aux spectateurs un trou de souris vers l'envers du décor, le côté des régisseurs, des habilleuses et des loges.

De l'écriture à la scénographie, en passant par l'interprétation, voici un spectacle qui parle du monde du théâtre avec beaucoup de passion et d'amour et nous en fait sentir de manière très vibrante la magie des projecteurs, sorte de miracle en équilibre qui crée chaque soir, un monde à part entière sous les yeux des spectateurs.