Dans le cadre de la rétrospective "Monet" exposition phare de la saison muséale 2010-2011 qui se tient au Grand Palais, les Editions de la Réunion des Musées Nationaux s'est associée à France Télévision et Arte pour proposer deux DVD complémentaires notamment au catalogue.
L'homme étant inséparable de l'artiste, "Claude Monet à Giverny" entraîne le spectateur au coeur de la maison qui, après une vie plutôt nomade, allait constituer pendant plus de quarante ans "sa" maison, point d'ancrage de la grande famille recomposée qu'il a réuni avec Alice Hoschedé, sa seconde épouse.
Une seconde épouse heureuse de pouvoir enfin s'établir dans ses meubles après avoir fait maison commune avec la première épouse, Camille, dans une maisonnée emplie de leurs grands enfants, d'amis et aussi de bonheur, après des années de vaches maigres, dont le quotidien tournait autour du peintre qui faisait également figure de patriarche.
Un peintre exigeant et un patriarche autoritaire que Alice Monet, aussi aimante que lucide, n'hésite pas, parfois, à rabrouer même si elle veille à ce que tout sujet de fâcherie lui soit épargnée.
Apparenté à la famille Monet, Philippe Piguet historien, critique d’art, commissaire d’exposition indépendant et réalisateur de films, a choisi, heureusement et judicieusement, d'évoquer la vie et l'oeuvre de Monet à travers le quotidien et l'intime de cette maison et surtout, à partir de l'abondante correspondance privée de Alice Monet qui relate la vie à Giverny avec autant d'amour et de bienveillance que de lucidité.
Racontée avec les mots d'Alice, à qui la comédienne Marie-Christine Barrault prête sa voix, une voix chaleureuse et inspirée, la vie à Giverny c'est une maison, mais aussi, et surtout, un jardin, préoccupation constante du peintre dès son installation à Giverny.
Une véritable oeuvre parallèle, qu'il a composé comme un tableau vivant et à la conception duquel il consacre beaucoup de son temps et une attention maniaque - Alice Monet raconte comment ils veillèrent de nuit, tel sur un nouveau-né, sur la mise en chauffe de la serre chaude - qui nourrit tant sa méditation introspective que que sa recherche picturale.
Sous-titré "La maison d'Alice", cet excellent film, de belle facture et érudit, éclaire de manière très réaliste et humaine une oeuvre replacée dans son univers intime.
Dans un tout autre registre, le réalisateur François Lévy-Kuentz a réalisé un documentaire, écrit avec Stéphan Lévy-Kuentz, écrivain et critique d'art, intitulé "Le scandale impressionniste"
Largement composé de plans fixes sur les toiles et d'images de ciel, d'arbres et de coquelicots sur lesquels le texte est dispensé fort doctement par le comédien François Marthouret, il retrace surtout, de manière factuelle, notamment à partir d'images et de photos d'archives, le parcours stylistique du peintre et de ses amis et homologues du groupe des Batignolles.
Y re-situant la virulente levée de boucliers que provoqua la modernité dans un siècle académique, il suscite la curiosité pour en savoir davantage sur cet épisode de l'histoire de l'art et en approfondir les tenants et aboutissants, ainsi que sur les enjeux.
