Spectacle de cabaret-théâtre musical conçu et mis en scène par Nicolas Ducron, avec Rémi Bichet, Nicolas Ducron, Priscille Pacoud et Laurent Soffiati.

La Compagnie Hyperbole à Trois Poils propose, sous forme d'un cabaret masqué, musical et théâtral, un spectacle atypique particulièrement réussi qui oeuvre dans plusieurs disciplines artistiques et une thématique singulière, issue d'une tradition bien française, celle de la chanson politique et contestataire.

Renouant avec l'esprit du spectacle nomade, "Le cabaret des engagés" s'inscrit dans la veine des spectacles forains de baladins nomades, des spectacles de tréteaux de la commedia dell'arte et du cirque burlesque dont il restitue la fraîcheur et la générosité.

Des guirlandes de lumières et des rideaux rouges façon théâtre de marionnettes : voici dressé le décor où, grosse caisse battante, où seront retracés plusieurs siècles de luttes sociales scandées par des chansons qui, de l'hymne révolutionnaire à la complainte des miséreux, en passant par les mazarinades, la révolte des canuts, la détresse des poilus et la chanson engagée contemporaine, constituent une belle anthologie du genre.

Nicolas Ducron a conçu et mis en scène de manière extrêmement soignée et millimétrée un spectacle roboratif, divertissant et émouvant, d'une fluidité accomplie et d'une belle cohérence, qui repose sur la maîtrise parfaite du jeu masqué et de la pantomime.

Sur scène, un quatuor d'excellents musiciens multi-instrumentistes, chanteurs et comédiens incarnent quatre figures archétypales aux costumes boutiqués de bric et de broc et aux masques mous d'hommes hybridés avec des pantins élaborés par Martha Roméro qui permettent tant la nécessaire distanciation que l'accentuation du propos tout en conservant son aspect ludique au spectacle.

L'étrange Monsieur Loyal (Laurent Soffiati), le pauvre vieux (Rémi Bichet), la canaille (Nicolas Ducron) et la drôle de fille poupée de chifffon (Priscilla Pacoud), aussi unis dans la lutte contre les exploiteurs de tout crin qu'en bisebille permanente, sont autant de clowns intemporels qui conscientisent des réalités socio-économiques qui n'appartiennent pas encore à un passé révolu.

Ce qui est rappelé par la marionnette du coupeur de canne à sucre créée Antonin Bouvret qui dispense, en prologue et en conclusion, un extrait de textes de Léopold Sédar Senghor.