Comédie d'après l'oeuvre de Shakespeare, adaptation et mise en scène de Vincent Caire et Gaël Colin, avec Auguste Bruneau, Vincent Caire, Damien Coden, Gaël Colin, Cédric Miele, Mathilde Puget, Alexandre Tourneur et Tiphaine Vaur.
L'intrigue de "Beaucoup de bruit pour rien" est connue de tous : Don Pedro, rentrant de guerre victorieux, s'arrête avec sa compagnie sur les terres de son ami Leonato. Si entre la belle Hero, fille de Leonato et Claudio, protégé de Don Pedro, c'est le coup de foudre, les joutes verbales entre le spirituel Bénédick et l'impétueuse Béatrice sont plus acerbes. Qu'à cela ne tienne, on complotera pour que le mariage soit double. Mais c'est sans compter sur le fourbe Don John, bien décidé à ruiner les projets de chacun.
Mais que l'on découvre la pièce de William Shakespeare ou qu'on la connaisse par cœur, on sera intrigué par la nouvelle adaptation proposée par Vincent Caire et Gaël Colin, qui se joue en ce moment sur la très belle scène du Théâtre de Ranelagh.
Les deux jeunes metteurs en scène ont en effet pris le parti, original, tout en restant très fidèle au texte et à l'intrigue, de situer l'action au Far West, multipliant, tout au long du spectacle, références et clins d'œil amusants au genre.
Ainsi, c'est un Don Pedro en tunique bleu, qui entre sur scène avec sa compagnie, dans un Messine transformé en saloon, au milieu de ces dames en bottines et bouclettes et au son de la musique country et de l'harmonica.
On saluera au passage le soin apporté par Corinne Rossi aux costumes (d'époque), et la beauté du décor tout en bois, réalisé par Caroline Rossignol, qui fourmille de petits détails et semble tout droit sorti d'un film hollywoodien.
Si le changement de lieu et d'époque n'enlève rien de l'authenticité de la pièce, et de la pertinence de son propos, cela renforce indéniablement le sens comique de l'œuvre. Sens comique accentué qui plus est par les touches d'humour glissées en sus du texte original.
A la drôlerie des répliques et des situations crées par William Shakespeare, Vincent Caire et Gaël Colin rajoutent en effet leur patte (danses, apartés, jeux de scène etc.) avec un sens indéniable du comique de répétition, un brin potache. Les ficelles comiques et narratives sont parfois un peu grosses, mais fonctionnent au final toujours autant. Les comédiens nous offrent une interprétation fraîche et énergique avec une mention spéciale pour Auguste Bruneau, dont la voix grave et le charisme se détachent.
Voilà donc un agréable divertissement, léger et bon enfant, qui montre, une fois de plus, que l'œuvre de William Shakespeare reste, quatre siècles après son écriture, d'une grande modernité.