Ce livre signé d’Aileen Wuormos (coécrit par C. Berry-Dee, criminologue) relate de sa courte vie. Première femme à avoir été qualifiée de serial-killer, elle y décrit comment elle en est venue à tuer huit hommes en l’espace d’une année. De la première à la dernière page, on entre tout entier dans un cauchemar.

Dès sa jeunesse, tous les éléments d’un déséquilibre mental grave étaient réunis. Elle est née dans un quartier difficile d’une mère fille qui va l’abandonner à ses grand-parents. Le grand-père la battra, puis elle tombera très jeune dans la prostitution. Bref, on peut dire que l’enfance de cette femme n’a pas été très heureuse. Une fois adulte, elle restera prostituée, afin de gagner sa vie. Besoin qui deviendra d’autant plus pressant quand elle rencontrera l’amour de sa vie Tyria Moore. Elles vivront au gré des entrées d’argent. C’est alors que tout basculera, Aileen va assassiner un de ses clients un peu trop violent. Afin de ne pas impliquer son amie, elle ne lui dira rien. Il en sera de même pour les autres meurtres…

Celle que les médias ont surnommé "la demoiselle de la mort" provoque au même titre que les autres grands tueurs en série une véritable fascination morbide. Seulement ici, un malaise subsiste. Cette femme n’a cessé de clamer qu’elle a tué en légitime défense. De plus, le véritable auteur de ce livre, le criminologue C. Berry-Dee, ne cesse de parler des erreurs policières sans lesquelles, Aileen aurait été arrêtée après son premier meurtre, et insiste sur le fait que sa première victime avait fait dix ans de prison pour crimes sexuels. Bref, on se demande si on a affaire à une femme qui a dérapé, plus qu’à une vraie psychopathe. En effet, ce qu’on retient de toute cette histoire est qu’elle n’a pris aucun plaisir malsain à tuer.

En partant de ce constat, les attentes du lecteur amateur de biographies de tueurs en série risquent de prendre un coup dans l’aile. On peut se dire qu’au moins, Charles Manson s’est bien marré lors de ses massacres. Le tueur qui ne ressent rien vis-à-vis de ses victimes, est un psychopathe, et il symbolise aux yeux du grand public le mal absolu, il est déshumanisé, transformé en monstre. C’est le surnom que l’on a donné à Aileen Wuornos. Mais est-ce véritablement le mot qui la décrit le mieux ? On se pose la question à la lecture du bouquin. C’est là qu’on se dit qu’il est bien dommage qu’elle n’a pas véritablement écrit ses pensées, afin de les restituer aux lecteurs. Elle est partie en laissant le mystère tout entier.