Avec, en première partie de saison, l'exposition "La Seine au fil des peintres, de Boudin à Vallotton", le Musée A. G. Poulain de Vernon, sis dans un ancien hôtel particulier dont les parties les plus anciennes datent du 15ème siècle, constitue un étape majeure du Festival Normandie Impressionniste qui, de juin à septembre 2010, va placer la vie culturelle de la région sous le signe de l'impressionnisme.

Les co-commissaires, Déborah Copel, directrice du Musée de Vernon et François Lespinasse, historien d'art spécialiste de l'Ecole de Rouen, ont choisi la Seine, dont la vallée, la plus belle de France, irrigue le pays de l'impressionnisme qu'est la Normandie, comme fil directeur de cette exposition qui se promène, au fil de l'eau de Mantes-la-Jolie à Honfleur.

Ils ont sélectionnés un nombre important de toiles provenant tant du fonds du musée, qui comprend un ensemble significatif d’oeuvres de l’Ecole de Giverny que de prêts de musées français et de collections particulières.

Voyage au fil de l'eau en terre d'élection de l'impressionnisme

Bien documenté, agrémenté de cartels et de fiches explicatives pour chacune des oeuvres présentées, ce parcours topographique qui exalte les bucoliques paysages normands comme traduit les activités de l'homme, du labeur au loisir, permet également de se rémémorer une chapitre non négligeable de l'Histoire de la peinture du 19ème siècle.

Car des pré-impressionnistes aux nabis, se retrouve la grande diversité de tendances qui caractérisait la dernière exposition impressionniste de 1886.

Par ailleurs, l'exposition apporte également un éclairage particulier sur l'oeuvre de certains artistes tout en rappelant l'importance des petits maîtres de l'Ecole de Rouen et des peintres de l'Ecole de Honfleur.

Ainsi, l'exposition apporte également un focus sur certains artistes comme Maximilien Luce, qui a étudié sous la direction de Carolus Duran, ami de Camille Pissarro, puis des fondateurs de l'école des Néo-Impressionnistes, qui s'est distingué dans le mouvement du pointillisme et qui fera prochainement l'objet d'une exposition monographique au Musée des impressionnismes de Giverny.

A découvrir également et Georgette Agutte peintre et sculpteur, élève de Louis-Ernest Barrias et de Corot, puis de Gustave Moreau, dont l'atelier est situé à Bonnières-sur-Seine dont elle brosse les environs d'une touche vigoureuse avec une palette aux couleurs fortes.

Si la Seine dans la vallée incite à privilégier la peinture de paysage, elle est aussi lieu de rencontres qu'il s'agisse de travail ("Les lavandières" de Maximilien Luce) ou de loisirs.

Les plaisirs du bord de l'eau sous toutes leurs formes constituent une source d'inspiration privilégiée pour les peintres ("La plage à Vernon" de Pierre Maubert, "La promenade en barque" de Henri Lebasque, "La baignade à Méricourt" de Maximilien Luce, "Le déjeuner au bord de la Seine" de Gaston Balande retenu pour l'affiche de l'exposition, "La pêche à la violette" de Louis Emile Minet).

Au gré des trois niveaux de l'exposition, ce sont trois écoles picturales sont célébrées.

Bien évidemment, l'Ecole de Giverny qui réunit autour du pape de l'impressionnisme Claude Monet les impressionnistes purs et durs et notamment ceux de la colonie d'artistes, notamment américains, de Giverny (Blanche Hoschedé-Monet "Les meules en hiver", Claude Monet "Falaises à Pourville" et Theodore Earl Butler "Coucher de soleil à Veules les Roses").

En descendant le fleuve, voici Rouen, grande source d'inspiration pour les arts graphiques de l'époque romantique, qui deviendra un des pôles majeurs de la peinture du 19ème siècle et le berceau du mouvement post-impressionniste connu sous le nom de l'Ecole de Rouen qui se trouve ici amplement représentée. en sus de ses mousquetaires Joseph Delattre, Léon-Jules Lemaitre et Charles Frechon.

En s'approchant de l'estuaire, le peintres immortalisent les débuts de l'industrialisation avec "Les usines à Eauplet" de Robert Pinchon ou "Le pont transbordeur vu de la cathédrale" de Maurice Louvrier mais également la pêche traditionnelle avec les bateaux dans le port d'Honfleur (Othon Friesz).

Les loisirs balnéaires sont également représentés avec , par exemple, deux styles et deux visions radicalement différents, ceux de Henri de Saint Delis ("La plage à Honfleur") et de Paul-Elie Gernez ("Baigneuses devant la jetée").

L'occasion d'évoquer l'École de Honfleur même si elle n'a jamais été officiellement structurée et des peintres comme Félix Vallotton proche des nabis et Eugène Boudin, "le roi des ciels", précurseur des impressionnistes qui encadrent cette intéressante exposition qui élargit la thématique traitée par un musée voisin, le Musée des impressionnismes de Giverny, dans son exposition "L'impressionnisme au fil de la Seine".