Une des séries policières télévisées américaines, "Criminal Minds", diffusée en France sous le titre "Esprits criminels", qui met en scène le travail des agents spécialisés dans le profilage criminel, a enfin sa transposition littéraire avec ce premier épisode intitulé "Aux ordres de l’ombre".

Le lecteur néophyte découvrira, et le fan-téléphage retrouvera, le "clan des 7" pour adultes que constituent les membres de l'Unité d’analyses comportementales du FBI composés de personnalités hors du commun, qui n'en demeurent pas moins des êtres humains avec leurs failles et leurs faiblesses, recrutés pour leurs compétences exceptionnelles et qui bénéficient d'une présomption quasi irréfragable de technicité et d'infaillibilité.

Dans cet opus papier, sont repris les éléments caractéristiques du succès de la série qui tient pour beaucoup à l'approche non manichéenne du bien et du mal par le biais de l'analyse comportementale pour déterminer le profil psychologique du criminel par croisement de l'analyse déductive faite à partir des caractéristiques du crime et des indices saupoudrée d'analyse criminelle avec l'utilisation des technologies informatiques sophistiquées.

Cependant, dans cette intrigue non dépourvue d'intérêt et de pertinence quant à la personnalité et à la motivation du tueur qui assassine des SDF après les avoir rendus propres, drogués et lardés de coups de couteaux, et symptomatique de la violence psychotique aux Etats-Unis, la réputation de ce corps d'élite n'est pas vraiment patente dans la mesure où elle se détermine à partir de la carence édifiante de la police locale (mais où sont donc les experts ?) et de l'accès à des banques de données réservées tout en arrivant à une conclusion juste à partir d'un raisonnement faux.

Ce roman, dû à la plume prolifique de Max Allan Collins, également scénariste et réalisateur, mais surtout un des maîtres-stakhanovistes de la novélisation, qui a déjà oeuvré pour "Dark Angel", "Bones" et "Les experts", est l'oeuvre d'un bon faiseur qui recycle habilement des thématiques récurrentes exploitées, par exemple, dans "American psycho" de Bret Easton Ellis, "Elephant" de Gus van Sant ou "8mm" de Joël Schumacher.

Cela étant, il satisfait aux codes du genre qui implique notamment une écriture stéréotypée dépourvue de toute aspérité, mais efficace, qui fait la part des choses entre scène de réflexion et action. En conclusion, un bon classique dans son registre.