Le livre est bref, et pourtant dense. Rien n’est inutile dans les paroles de Pier Paolo Pasolini. Cet entretien inachevé, résonne en nous, aujourd’hui, comme une source de vitalité, un éclairage sur les racines du mal, de ce que l’on peut voir singé en politique.

Je ne vais pas remettre le couvert de nos élections pitoyables. Mais dimanche soir entre la première et la seconde chaîne, j’ai relu Pier Paolo Pasolini. Pour me donner du courage pour essayer de me convaincre que la vision de Pier Paolo Pasolini n’était affaire que d’une génération;

Nullement !

Pier Paolo Pasolini est une grand cinéaste, mais également un politique. C’est écrit entre les lignes de l’entretien, comme quelque chose d’indélébile, comme une fracture qui n’arrive pas à se refermer. Naturellement nous sommes en 1975, les brigades rouges sentent le souffre et pourtant… Le monde était bigrement plus vivant qu’aujourd’hui, sclérosé qu’il est dans l’immonde politiquement correct.

Relire, donc, le dernier entretien qui s’est déroulé entre 16h et 18h le 1er novembre 1975 et dont le titre voulu par Pasolini est "Nous sommes tous en danger". Prémonition ? Peut-être.

Une chose est sûre Furio Colombo n’est pas journaliste à utiliser le tutoiement à la légère. C’est d’ailleurs un rafraîchissement d’être ainsi en lecture sans autre forme de convention que le dialogue direct. Un entretien brut de fonderie, à la salive chaude.

Avouez que cela nous manque.

Comme si il s’agissait d’un fondu au noir cher au réalisateur de "L’évangile selon Saint Matthieu", l’entretien se termina faute d’éclairage. Furio Colombo tomba le crayon. Pier Paolo Pasolini et son ami relirent les notes avant de se promettre de se revoir le lendemain pour que le réalisateur finalise ses réponses.

Il n’y aura pas de lendemain pour Pier Paolo Pasolini. Quelques heures plus tard le corps sans vie de l’auteur de "Médée", de "Théorème" ou encore de "Salo ou les 120 jours de Sodome" était à la morgue de Rome.

Ne pas oublier dans ce livre cette seconde partie, celle de Gian Carlo Ferretti sur les seize années de souvenirs, de croisements, de rencontres avec Pier Paolo Pasolini. Un road littéraire à la recherche d’un homme, d’un artiste , d’un poète sans concession.

A lire.