Comédie de Gérard Savoisien, mise en scène de Thierry Lavat, avec Miren Pradier et Christophe de Mareuil.

La riche vie amoureuse de George Sand en pleine époque romantique n'a pas fini d'inspirer les auteurs et de passionner les spectateurs.

En 1833, après Jules Sandeau et avant Alfred de Musset, alors qu'elle connaît le succès avec "Indiana", George Sand, devenue célèbre et courtisée, a une brève aventure sans lendemain avec Prosper Mérimée, aventure que les deux protagonistes affichèrent sans suite comme une déception réciproque quant au tempérament sexuel de leur partenaire.

Peu convaincu par cette rupture par consentement mutuel et par la tiédeur alléguée, Gérard Savoisien, comédien, metteur en scène, professeur d'art dramatique, directeur du Théâtre du Côteau au Plessis-Robinson et auteur dramatique, opte pour la thèse de la passion flamboyante et l'éloignement volontaire pour cause d'incompatibilité de cet amour dévorant avec leur besoin de liberté et leur ambition littéraire réciproques.

"Prosper et George", tous deux dans la plus belle fleur de l'âge, la trentaine frémissante, subissent un coup de foudre avec son lot de passion tumultueuse, de jalousie, de scène quasi conjugale, d'étreintes fougueuses, de larmes et de réconciliation qui, en l'espace de quelques jours, les consument en devenant obsessionnelle.

Cette thèse, bien évidemment séduisante, sert d'argument à une pétillante comédie, une comédie amoureuse plus que sentimentale, au ton spirituel et vif, aux dialogues percutants, intelligents et brillants, allègrement mise en scène par Thierry Lavat avec une sobre et judicieuse utilisation de l'espace scénique sobrement accessoirisé et servie par deux comédiens épatants.

Comment ne pas tomber amoureux de Prosper Mérimée à qui Christophe de Mareuil prête son physique fringant et son talent pour camper un personnage à la fois espiègle et déterminé, pris au piège d'une passion trop grande pour lui dont la vie entre sa carrière de haut fonctionnaire, ses vélléités d'écriture et ses soirées galantes laissent peu de place pour une femme de la stature de George Sand aussi intelligente qu'exigeante.

Comment ne pas succomber au charisme de George Sand, excellemment interprétée par Miren Pradier, séduisante en diable dans son costume masculin, dans tous ses doutes, ses ardeurs et ses engagements tant dans sa vocation littéraire que dans son combat féministe avant l'heure pour une liberté et une indépendance qu'elle paye si cher et qui doit y sacrifier un si bel amour qui l'en détournerait.

Les deux comédiens, au demeurant bien assortis, fonctionnent en symbiose parfaite dans ce maelström amoureux qui réécrit si joliment l'histoire, ou corrige la légende, et font de ce spectacle un moment de pur bonheur.