Diptyque théâtre/vidéo sur des textes de Jean-Luc Lagarce, mise en scène de Cécile Coustillac et Daniela Labbé Cabrera, textes dits par Daniela Labbé Cabrera.
"Le bain" et "L'apprentissage" font partie avec "Le voyage à La Haye" des œuvres non théâtrales de Jean-Luc Lagarce, trois récits parmi ses derniers écrits, trois récits intimement liés qui traitent de la maladie, de la mort, et donc de l'évanescence de la vie, et du détachement, comme accès à un autre niveau de conscience.
Le spectacle proposé par Cécile Coustillac et Daniela Labbé Cabrera, sous forme d'un diptyque théâtre/vidéo, à partir de ces deux textes laisse un ressenti mitigé dû au fait qu'il nourrit le débat sur l'adaptation de textes littéraires à la scène et l'utilisation concomitante, et désormais récurrente, de la vidéo.
Inutile d'épiloguer sur "L'apprentissage", bouleversant "récit de renaissance" dans lequel Jean-Luc Lagarce évoque, entre autres, l'incomparable plénitude d'"être en dedans de soi" alors qu'il émerge d'une longue nuit thérapeutique, ici, largement amputé, réduit à quelques phrases qui, ainsi détachées de leur contexte et énoncées au micro sur des images lénifiantes, frisent l'incompréhensibilité.
Pour "Le bain", texte plus court donné in extenso, les intermèdes vidéo, tout aussi peu convaincants, s'avèrent au demeurant totalement dispensables, tant le verbe de l'auteur se suffit à lui-même. Une écriture claire, sobre, limpide, puisée à l'encre de l'intime, qui trace et traque la mort annoncée de l'être aimé pour une dernière nuit, un dernier jour, avec un faux détachement et une vraie distanciation.
Et pour cela, le jeu d'une grande fluidité de Daniela Labbé-Cabrera est un vrai bonheur. Elle porte magnifiquement et avec intelligence, l'universalité de ce texte d'homme, de ce dernier acte d'amour.