Comédie dramatique d'après la pièce de Tennessee Williams, mise en scène de Krzysztof Warlikowski, avec Isabelle Huppert, Andrzej Chyra, Yann Collette, Renate Jett, Cristián Soto et Florence Thomassin.

Warlikowski, Mouawad, Huppert. Dieu quelle affiche ! Pour "Un tramway" adapté du mythique "Un tramway nommé désir" de Tennessee Williams.

Et pourtant quelle déception ! Sans doute parce que Krzysztof Warlikowski et Wajdi Mouawad tous deux auteurs et metteurs en scène, sont plus à l'aise quand ils instrumentalisent dans leur propre univers et que leurs récurrences obsessionnelles ne sont pas toujours exportables dans celui d'un autre.

Alors bien sûr, le spectateur averti retrouvera la scénographie chère à Warlikowski, notamment les algeco transparents mobiles dus à sa scénographe habituelle Malgorzata Szczesniak, l'usage systématique de la vidéo qui démultiplie les angles de vue, et la présence, en l'occurrence peu convaincante tant au fond qu'en la forme, de la chanteuse Renate Jett.

Mais le texte reboutiqué par Wajdi Mouawad, au demeurant en panne d'inspiration poétique, est réduit à quasiment la portion congrue, noyé dans des textes certes sublimes, de Platon à Claude Roy en passant par Dumas, l'Evangile et Monteverdi, mais qui déplacent le propos bien loin du Sud américain des années 40 de Williams de la même manière qu'il le focalise sur un seul personnage, bien évidemment celui interprété par Isabelle Huppert, rélégant les autres comédiens au rang de silhouettes pour intermèdes pendant qu'elle change de tenue.

Ainsi, Andrzej Chyra, comédien puissant ne semble pas y croire, Yann Collette fait de la figuration et Florence Thomassin défend courageusement sa petite partition.

Dans un spectacle exclusivement centré sur la comédienne, à qui il offre un cadre sur mesure lui permettant de performer dans ce personnage pathétique qui prend ici le visage d'une vieille Lolita glamour qui brûle les dernières cartouches d'un désespoir violemment réaliste, Isabelle Huppert joue en solo un rôle dont nonobstant sa ligne juvénile, elle n'a plus l'âge ce que les incessants gros plans vidéo révèlent cruellement.

Alors sans doute, le spectateur doit-il changer de point de vue. Oublier la pièce et le théâtre et regarder une comédienne au sommet de la maîtrise de son métier effectuer une brillante prestation scénique. Certes.