La tempête et la foudre...
Premiers pas au Mondo Bizarro, petit village gaulois du rock Rennais. Accueil sympathique, et une bière pour se rafraichir et profiter de la fin de la balance de Rroselicoeur. Le public arrive petit à petit et je m'interroge : qui joue en première partie ? et quel est ce groupe américain qui va se produire ce soir ?...
La première réponse arrive rapidement : Rroselicoeur se met en place et démarre sur les chapeaux de roue : c'est fort, c'est puissant : une batterie et deux guitares, rien de plus. La musique se fait planante, les effets se multiplient, il y a du My Bloody Valentine dans l'air. Le trio, en costume cravate, s'amuse et se dandine au rythme du mur du son.. Le batteur prend une guitare et sort son e-bow pour une série de titres. Le concert sera court mais intense.
Sur
disque, Rroselicoeur ressemble etrangement aux références
classiques que sont Mogwai ou Gy!be.
Sur scène, c'est autre chose : le groupe démontre
que sans basse et avec une batterie intermittente, en étant
3 sur la scène, on peut créer des ambiances, faire
monter la sauce et produire un son complet. Certes il y a parfois
de grosses similitudes avec les groupes cités mais c'est
plutôt un compliment.
Aussitôt la dernière chanson terminée, les guitares sont rangées : il faut se presser, les américains de Hella doivent débarquer. Une batterie se met en place au milieu de la scène, suivie par un simple micro et un ampli sur le côté. Un sympathique Kurt Cobain du pauvre vient tester le micro (sic) et le groupe arrive.
Le guitariste, tout sourire, s'arme d'une jolie guitare fleurie tandis que le batteur enleve une chaussure et sort ses baguettes.
L'heure
qui va suivre sera d'une originalité déconcertante
: le guitariste enchaîne les morceaux improbables, à
la limite de l'improvisation préparée (mais quand
on connaît un peu le groupe, il n'en est rien), tandis que
le batteur se déchaine sur sa simplissime batterie.
On commence par sourire aux mimiques du guitariste pour s'extasier devant les deux virtuoses. C'est un déluge de son, deux solos synchronisés. On pense évidemment à Lightning Bolt et on se prend au jeu. Sitôt une chanson terminée, le guitariste enlève le masque et redevient "normal". Le batteur se lève, se détend les jambes et laisse la sueur accumulée s'écouler sur le sol. Chaque personne regarde son voisin avec les yeux grands stupéfaits..
L'instant suivant, Zach Hill est de nouveau assis pour reprendre les rythmes de plus en plus hallucinants tandis que Spencer Seim disparait derrière son masque de fou échappé d'une maison hantée. Il se cache derrière son ampli, crie des consignes à son batteur tout en naviguant sur son manche. Le concert s'achève, les deux musiciens semblent prêts pour un autre concert. Le public en revanche est épuisé pour eux.
Ce soir en rentrant chez eux les batteurs amateurs qui étaient présents dans la salle se poseront des questions...