Opéra-bouffe de Claude Terrasse et Franc-Nohain, mise en scène de Philippe Nicolle, avec Christophe Arnulf, Gilles Bugeaud, Olivier Dureuil, Anne-Lise Faucon, Emmanuelle Goizé, Olivier Hernandez, Flannan Obé, Charlotte Salio, Valérie Véril et Jacques Ville.

Après "La cour du roi Pétaud" présenté l'année dernière, la Compagnie Les Brigands nous revient cette année avec "Au temps des croisades". Une nouvelle déclinaison loufoque de l'histoire de France.

L'opéra bouffe "Au temps des croisades " de Claude Terrasse, sur un livret de Franc-Nohain a été présenté pour la première fois au Théâtre des Mathurins à deux pas du Théâtre de l'Athénée, en 1901 puis interdit. Il n'est pas du ton de l'époque de tourner en dérision les pratiques matrimoniales du Moyen âge: les mariages arrangés et le droit du cuissage sur les servantes du château.

C'est ainsi que dame Bertrade (Charlotte Saliou) est une blonde châtelaine qui attend le retour de son seigneur parti pour les croisades en Palestine. Il est long d'attendre quelqu'un qui, trop distrait, n'ôta pas son heaume, pendant la nuit de leurs noces. Trois années sans même un visage sur lequel soupirer. Et dans le même temps, ses servantes Corinne (Anne-Lise Faucon) et Karine (Emmanuelle Goizé) la harcèlent pour faire hâter leur mariage avec les deux pages Didier (Flannan Obé) et Patrick (Olivier Dubreuil).

Les distractions sont rares : la chasse au faucon, la tapisserie, les banquets, les longues promenades, les soins des cheveux, la lecture pieuse. Il y a encore moins de visites. Alors comment ne pas croire dans le retour tant espéré du Seigneur quand un bonimenteur demande le gîte au château ?

Sur un rite entraînant, l'opéra a gardé toute sa fraîcheur, on ne trouve pas l'ombre d'un gag un peu désuet, mais l'impertinence du comique d'aujourd'hui, mêlant les genres comme la publicité, la romance et le burlesque. Avec le parti pris de s'amuser, les acteurs-chanteurs se livrent à de véritables morceaux de cabaret, accentuant le grivois, interprétant des femmes dévorées d'appétit sexuel.

La mise en scène de Philippe Nicolle fait la part belle au spectacle, à la comédie, associant l'orchestre au jeu. Loin de la séduction des troubadours, les sens mènent la danse. La réclusion et la soumission des femmes, jugées avec un regard contemporain, est matière à railleries.

L'orchestre et les chanteurs sont exceptionnels, prenant un plaisir évident à la farce, mettant le public en liesse. Un beau divertissement pour se donner de l'entrain avant les fêtes de fin d'années.