On découvre des artistes musicaux tous les jours, et aujourd’hui c’est Calvin Russel qui a éveillé ma curiosité. L’homme a fait un parcours singulier : né au Texas en 1948, il grandit en marge de la société et fait plusieurs fois un passage à l’ombre. Toujours passionné par la musique, c’est à 42 ans en 1990, qu’il est repéré par un producteur français. C’est ainsi qu’il débutera une longue carrière française avec une quinzaine de galettes à son actif. Il reste pourtant inconnu dans son pays natal.
Voici donc son dernier album, Dawg eat dawg. L’album commence sur les chapeaux de roues avec le très stoner "Like a revolution". Le banjo et la voix déraillée de Calvin Russel rappellent que le monsieur travaille dans le registre white blues. On y revient d’ailleurs avec le deuxième titre "5m²" complainte chanté en français du calvaire du prisonnier. La chanson est d’ailleurs reprise à la fin de l’album avec Gérard Lanvin à la voix, qui n’a pas l’accent un peu kitsch du texan.
Quand il reprend le chant dans la langue de Shakespeare, Calvin Russell nous fait voyager dans les tréfonds du Texas, grâce à sa voix de crooner marquée par les années autant que son visage buriné. L’ensemble des chansons nous livre un mélange de blues-rock saupoudré de country. Le tout est très énergique pour ne pas dire énervé. Calvin Russell offre un son très rock avec des riffs incisifs comme sur "Rolling wheel" ou "Dawg eat dawg". Sur le morceau "Are you waiting ?", des trompettes apportent un autre style. La chanson prend alors une nouvelle atmosphère efficace. Les deux ballades blues "To you my love" et "Sweetest tenderness" permettent une pause un peu rêveuse au milieu de l’album tonique. Puis on revient à un blues plus traditionnel avec le morceau "Too old to grow up now".
L’album reste un poing rageur lancé à la face du monde, une sorte de preuve que le vieux n’a rien perdu de sa verve, qu’il est toujours réfractaire à une certaine vision égoïste du monde capitaliste. Le rythme mais surtout les paroles de ses chansons nous transmettent son énergie rebelle toujours active à plus de 60 berges. In fine, Dawg Eat Dawg est un album de choix. Chaque morceau y a sa place et son identité. L’ambiance old school de ce blues-rock met brillamment en valeur la voix de Calvin Russell. C’est un superbe parcours dans le désert texan à bord d’une Cadillac Eldorado année 59. C’est bon ! C’est rock’n’roll !