Comédie dramatique de Jean Delabroy, mise en scène, de Michel Didym, avec Julie-Marie Parmentier et Charlotte Castellat.
Grandiose moment et exceptionnelle comédienne. Et que dire du texte… A partir d’un fait divers, Jean Delabroy, homme de lettres et romancier dont c’est le première pièce, a créé un long poème épique que Julie-Marie Parmentier incarne avec un mélange de force et de douceur, et une présence inouïe dans chaque inflexion ou silence, chaque lutte ou abandon de son personnage.
La voix douce, calme et posée, elle raconte. Elle est venue pour témoigner. Pour dire la seule vérité vécue par elle-seule dans son monde "de l’autre côté du monde" ; pas ce que les journaux tenteront de lui faire dire, ni ce que nous-voyeurs, voudront l’entendre relater, mais bien l’unique et troublante confession d’une enfant assassinée que la captivité a transformée et qui renaît à la vie à la faveur d’une évasion inattendue.
L’histoire de "La séparation des songes" ne se raconte pas mais se vit avec son héroïne, personnage complexe, dont seul l’imaginaire a continué à s’enfuir au fond de sa cave obscure, tissant une relation ambigüe avec son ravisseur au fil des années, et qui ne demande qu’à vivre enfin.
Equilibre magique entre la comédienne et la magnifique composition musicale de celle qui l’accompagne sur scène au violoncelle avec talent et discrétion : Charlotte Castellat. Toutes deux, virtuoses, installent une tension ininterrompue. La mise en scène de Michel Didym sublime ce travail, le façonnant en un immense et étonnant voyage hypnotique. Remarquable !