A l'image de l'illustration de la couverture, un petit bonhomme en apesanteur suspendu dans les airs par un bouquet de ballons qui recèle une étoile, qui ressemble à l'homme volant de Folon, le protagoniste de "Monsieur Calvino et la promenade" est un funambule sans fil qui se meut toujours au bord du vide et du rien.
Et ce à l'image de son homonyme, l'écrivain italien Italo Calvino éminemment connu pour son talent de fabuliste de sa trilogie "Nos ancêtres" qui comprend notamment "Le Baron perché" et sa poésie de l'absurde.
Ce Monsieur Calvino, dont l'occupation privilégiée est l'observation du monde, est un des habitants du "O Bairro" de Gonçalo M. Tavares, son panthéon personnel dont les grands hommes retrouvent une existence terrestre sous forme d'un ultime avatar pour réveiller les consciences.
Et ce scrutateur, qui ne manque ni d'humanité ni de poésie au point de tourner les pages du livre lêché par le soleil pour permettre à ce dernier de le lire, se livre, voire s'astreint, à des exercices plus qu'inattendus pour aiguiser son regard sur les choses du monde et peut être percer les mystères de la vie. Ainsi déambule-t-il des jours entiers avec un ballon, pas un ballon de sport, mais un de ces ballons de baudruche plus légers que l'air que l'on retient avec une ficelle, pour lui permettre de prendre la mesure de la puissante de la mort face à la fragilité de la vie.
Cet opuscule, petit en taille, tient de la perfection littéraire, stylistique et philosophique. L'auteur, écrivain borderline sur la plus étroite ligne qui sépare la rigueur logique de l'absurde et de la folie, y excelle à synthétiser en quelques pages, guère plus de trois, voire seulement une seule, une parabole dans tout ce qu'elle de signifiant et d'ouvert à la réflexion métaphysique, exercice de style de haute voltige qui laisse pantois, qui fait longtemps son chemin dans la tête et emporte loin le lecteur.