Dans le cadre de la présentation des fonds d'artistes de la collection du Musée National d'Art Moderne, le Centre Pompidou propose, avec la participation du Musée des Beaux-arts d'Orléans, une exposition consacrée l'oeuvre du sculpteur Henri Gaudier-Brzeska.

A partir d'oeuvres originales et de reproductions, de dessins et d'un carnet d'esquisses, cette exposition permet de découvrir l'oeuvre méconnue d'un artiste dont on peut découvrir la place et l'influence majeures dans la statuaire du début du 20ème siècle.

L'exposition concise, conçue sous le commissariat conjoint de Christian Briend et Doïna Lemny, bénéficie par ailleurs d'une belle scénographie épurée de Pascal Rodriguez qui met esthétiquement en résonance sculptures et dessins.

Une oeuvre libre si brève et si fertile

Bien qu'il fut une étoile filante - il est mort à la guerre à l'âge de 23 ans - l'oeuvre de ce "Rimbaud du burin", comme titre Vincent Noce dans Libération, révèle à la fois une précocité, une maturité et une singularité créatrice exceptionnelles.

Artiste autodidacte marqué par la figure tutélaire de Rodin dont on retrouve le modelé humaniste dans ses premières œuvres ("Madone") qui très vite laissent percevoir l'émergence cubiste ("Portrait du peintre Alfred Wolmark"), Henri Gaudier-Brzeska, influencé par Brancusi, se consacrera à la taille directe de la pierre.

Exilé en Angleterre, d'autres influences se manifestent telles celle du sculpteur Jacob Epstein et du primitivisme, qu'il découvre avec l'art océanien au British Museum dont il est un visiteur assidu, et il s'engage dans le Vorticisme premier groupe avant-gardiste londonien du 20ème siècle et déclinaison anglaise du Futurisme italien.

Plusieurs de ses oeuvres figuraient d'ailleurs à ce titre dans l'exposition "Le Futurisme à Paris - Une avant-garde explosive" programmée au Centre Pompidou en hiver 2008-2009.

Il se livre à une exploration singulière, atypique de la forme, du mouvement et du sens ("Une belle statue vit comme un être organisé. Elle est différente selon l’angle où on la voit, selon le jour et l’heure. Les expressions changent et glissent sur son visage et ses membres, selon le jeu de la lumière et des ombres. C’est la seule observation des masses qui donne à ce jeu un aspect naturel et régulier").

Son style atypique procède d'un étonnant syncrétisme entre classicisme ("Danseuse"), Cubisme ("Femme assise","Samson et Dalilah", ) et Primitivisme ("Lutteurs").

Une autre singularité pour cet artiste consiste en sa dualité : parallèlement à le sculpture il s'avère un dessinateur talentueux à travers non seulement des études ou esquisses pour ses sculptures mais une vraie et abondante œuvre graphique dont la force plastique et picturale est patente depuis les fusains primitifs ("Danseuse sur fond jaune" aux encre et gouache cubo-futuristes de 1914 ("Signaux").