Outre les amateurs d'art, tous les fans de rock devraient se précipiter au Musée Maillol pour déguster l'exposition "Bye Bye, Bye Baby, Bye Bye" consacrée au graphiste, affichiste, dessinateur de BD et illustrateur belge Guy Peellaert, décédé en 2008.

Et plus précisément à ses œuvres qui illustrèrent son livre culte, réalisé avec le rock critique Nick Cohn, "Rock Dreams", qui se vendit à un million d'exemplaires l'année de sa parution en 1973, qui constitue la bible du rock sous forme d'un inestimable album de famille.

Passionné de rock, fasciné par l'Amérique des sixties et admirateur du peintre Edward Hopper, Guy Peellaert s'immerge dans la culture américaine pour mettre en scène les figures les plus célèbres du Rock’n'roll et du Rythm'n'blues" et ériger ainsi le rock en mythologie du 20ème siècle.

La commissaire Claudine Boni est partie à la recherche des collectionneurs pour réunir une exceptionnelle sélection de planches originales dont deux œuvres inédites et l'original de la pochette réalisée pour l'album "It's only rock'n'roll" des Rolling Stones.

Rock'n roll for ever

Guy Peellaert, qui se qualifiait lui-même de "faiseur d'images", utilise toutes les techniques, dessin, photo et aérographe pour réaliser des photomontages peints qui mettent en scène les icônes rock en idoles païennes saisies dans leur humanité au terme de fictions parfois plus vraies que la réalité et qu'il traite soit à la manière hopperienne soit selon un syncrétisme psychédélico-sulpicien.

Loin des spotlights, les stars sont seules tels Diana Ross qui sort de sa limousine dans un pauvre quartier désert, Bob Dylan, sorte de diva saisie d'effroi dans sa voiture emmitouflant un chat hagard dans son manteau de fourrure, ou saisies dans un quotidien banal comme Chuck Berry chez un coiffeur de quartier ou Fats Domino qui lâche le piano pour faire la popote au sein de sa nombreuse famille.

Parfois satirique, l'artiste Donovan militant flower-power campe dans une décharge, Phil Spector a des allures christiques écartelé entre casque aux oreilles, cigarettes et alcool.

La queen of soul Aretha Franklin semble reprendre le flambeau de son père célèbre pasteur baptiste, les Rolling Stones qui font pâmer la gente féminine sont harnachés de jarretières, guêpière et latex et la bête de scène Tina Turner joue les deep throat avec une manière bien suggestive de tenir le micro.

Tendre aussi, avec Eddie Cochran, mort à 21 ans, qui restera à jamais ce jeune homme qui regarde passer les filles et Buddy Holly, tout sourire sur le tarmac, entouré de jolies filles et d'une Cadillac comme dans une publicité pour une compagnie aérienne, qui ne se doute pas qu'il s'agit de son dernier voyage.

Il est temps de refermer l'album pour ne pas tout dévoiler de ce bain de jouvence pour les vieux briscards et de ces morceaux d'anthologie pour les jeunes loups qui découvrent que "rock is not dead" et que la légende traverse les siècles, cette exposition est par essence totalement roborative.