Pendant l'été 2009, la Maison Européenne de la Photographie consacre une de ses salles à l'exposition à une oeuvre Claude Levêque en résonance avec la 53ème Biennale d'Art Contemporain de Venise pour laquelle il représente la France avec son installation "Le grand soir".
D'acquisition récente, "Le crépuscule du jaguar" est constituée par une pièce vidéo qui avait figuré dans une exposition-installation éponyme créée en 2007 pour l'espace des Moulins à Albi qu'il présentait ainsi : "Ce dispositif initiatique nous confronte à notre animalité, mêlée aux secrets les plus enfouis. Cette expérience que je propose ici est comme une métaphore du mythe cathare. Une piste guerrière, sauvage et sensorielle."
Ce film très court, quelques secondes qui tournent ici en boucle, réalisé par l'artiste au cours d'un longue étude menée dans un hôpital psychiatrique pour enfants, saisit à travers un cache en forme d'oeilleton, un regard fixe. Il faut y voir l'expression de ses thématiques récurrentes que sont l'enfermement, la violence du monde, le contrôle social de la norme et peut-être une réflexion sur la photographie, le regard, l'image.
Plus troublant, l'oeil en gros plan, extraordinaire chambre photographique, possède une cornée qui est un miroir sphérique générant ce fameux reflet cornéen que l'artiste utilise pour capter la silhouette de celui qui filme, lui-même en l'occurrence. Ce qui inscrit Claude Levêque dans la tradition du hors champ pictural pratiqué depuis le 15ème siècle comme technique de l'autoportrait, en l'espèce à travers le regard de l'enfant psychotique, qui s'insère totalement dans la composante autobiographique de son travail.
A savoir : Claude Levêque, plasticien activiste issu de la culture rock, en a choisi le titre comme clin d’oeil à l’album de Joey Starr "Gare au jaguar".