Si pour certains le monde est une prison même si elle est rutilante et mentale, à l'instar du française Claude Levêque et du suisse Fabrice Gygi, d'autres en proposent une vision bucolique souvent inattendue.
Ainsi à l'Arsenal, l'artiste multimédia londonienne Ceal Floyer projette sur un mur de la Corderie "Overgrowth" l'image géante d'un bonsaï. Petit scarabée, ton petit arbre, deviendra grand. Tout est question de point de vue.
Le
pavillon belge, qui réserve toujours des surprises pince-sans-rire,
accueille le plasticien conceptuel débridé Jef
Geys
Il y présente une sorte d'herbier topo-photographique extrait de son projet de recherche interdisciplinaire et coopérative de longue haleine - pas moins de quatre décennies - "Quadra Medicinale", qui consiste à recenser les plantes in situ qui poussent en ville.
Dans le pavillon slovaque, de chaque côté d'une
allée qui le traverse, deux plates bandes arborées
assurent la continuité avec les plantations des Jardins
de la Biennale.
Mais où donc se cache "Loop " l'œuvre d'art du plasticien slovaque Roman Ondak se demandent les visiteurs néophytes qui l'ont traversé à toutes enjambées et revienne? Non, l'œuvre est bien dans ce bout de jardin.
Pied de nez envers la biennale avec le brouillage des codes et des repères, allégorie d'un monde qui reviendra à l'Eden originel ou "geste in situ résolument néo-conceptuel aussi subtil que magistral à mi chemin entre less is more et land art" dixit Etienne Bernard et Antoine Marchand. Le jury de la biennale ne s'y est d'ailleurs pas trompé en lui octroyant Lion d’or pour la meilleure participation nationale.
Dans une installation spécifique conçu par le groupe studioBASAR, le pavillon roumain accueille sous le titre "The Seductiveness of the Interval" les propositions artistiques de Stefan Constantinescu, Andrea Faciu et Ciprian Muresan.
Elles
concourent à une réflexion sur les conditions
dans lesquelles le lieu de monstration est transformé
en "un espace d'auto-réflexion par le biais du regard".
A l'issue de la déambulation reveuse dans des volumes blancs le visiteur arrive à la terrasse de l'étage supérieur qui n'ont rien des jardins suspendus sur lesquelles d'anémiques plants de cucurbitacés tentent désespéremment de survivre.
Jardin
encore avec la jeune suédoise Nathalie
Djurberg qui a reçu un Lion d'argent pour "Experimentet",
un jardin extraordinaire qui n'a rien de bucolique et ressortit
au domaine cauchemardesque.
Dans le pavillon de la Biennale, elle a planté une forêt exubérante de fleurs géantes et turgescentes en résine, aux couleurs violentes exacerbées par un éclairage crépusculaire, qui abritent des écrans vidéos qui dispensent des films d'animation terrifiants.
Réalisés en stop motion avec des personnages en pâte à modeler, ils mettent en scène de manière hyper réaliste des scènes macabres et violentes qui sont le reflet de l'âme humaine dans ce qu'elle a de plus dévoyé et pervers.