A la 53 ème Biennale Internationale d'Art Contemporain de Venise, la France, pays de la liberté et des libertés, et la Suisse, royaume des coffres forts, sont respectivement représentés par Claude Levêque et Fabrice Gygi, deux artistes plasticiens l'un est né en 1953, l'autre en 1965, qui présentent tous deux une installation qui ressortit de l'art carcéral.

Claude Levêque, avec "Le grand soir", reprenant à son compte l'expression marxiste qui sécularise le mythe de l'apocalypse salvateur qui marquera la chute du capitalisme, laisse toujours flotter le drapeau noir mais celui n'est pas animé par le souffle libertaire mais par une machine.

Dans un espace aux murs noirs pailletés pour évoquer la société de l'image et du mirage, éclairés de rampes d'ampoules de music hall pour symboliser à la fois la société du spectacle et les illusions perdues, il flotte aux trois extrémités d'un installation panoptique, formée de grilles d'acier hermétiquement soudées sans système d'ouverture apparent.

Inspiré par le souvenir d'une visite de prison, Claude Levêque indique qu'il veut "Créer un malaise, mettre les gens en embuscade, jouer sur la féerie, la séduction et, en même temps, créer un phénomène de répulsion, avec l'idée d'aliénation et de mort."

Double rangée d’armoires métalliques solidement cadenassées avec des chaînes qui elles aussi ne renferment que du vide pour l'installation "Economat" de Fabrice Gygi au sein d'une église baroque, édifice qui lui a également posé un question d'ordre formelle.

Là encore le mélange du profane et du sacré pour illustrer, par des espaces de stockage semblables à des cages miniatures, dans sa démarche qui est de "retranscrire les choses observées dans le monde", les menaces qui pèsent sur la liberté.