Comédie dramatique de Isabelle Sorente, mise en scène de Babetida Sadjo, avec Elise Harou, Julie Quiriny, Charlotte Van Dongen et Laura Vossen.
Elles sont quatre, quatre femmes collègues de bureau, "saines, souriantes et sexy" comme dirait Frédéric Begbeder, et pourtant ça tourne pas forcément bien rond dans leurs petites têtes de femmes formatées par une société qui édicte les normes archétypales de la gente féminine.
Après un week end peu enthousiasmant, le retour au bureau, il y a des lundis gris. Celui de "Hard copy" sera un lundi noir car s'il commence par des bisous et des sourires de convenance, il finira en curée.
Prenant le contre-pied d'une idée reçue, Isabelle Sorrente décline au féminin et entre collègues le harcèlement moral au travail traditionnellement l'apanage de l'homme et du supérieur hiérarchique. Mais son propos relatif à la condition féminine, à l'impossible individuation et à l’inconscient du groupe qui pratique la stratégie du bouc-émissaire va au delà de l'illustration anecdotique, même si elle est totalement pertinente.
Elle explore la barbarie profonde de l’humain à partir de la biomécanique des pulsions. Et un mot suffit à catalyser le dérapage névrotique et transformer la tragi-comédie de la vie quotidienne en tragédie de la violence ordinaire.
D'une plume pragmatique et caustique elle traque la vacuité, la frustration, la jalousie, l'angoisse dans les dialogues du quotidien de l'univers impitoyable du bureau en open-space dans lequel débattent la boulimique (Julie Quiriny), la dépressive (Elise Harou), la compassionnelle (Laura Vossen) et la frigide (Charlotte Van Dongen).
Dans la mise en scène hyper réaliste de Babetida Sadjo, ces jeunes licenciées en art dramatique du Conservatoire de Bruxelles sont épatantes de vitalité.