Franz Ferdinand l'a fait, pourquoi Marmaduke Duke ne s'autoriserait-il pas un virage vers le dance-rock, tendance disco-funk ? C'est chose faite avec Duke Pandemonium, leur deuxième album. Ce qui n'exclut pas une certaine prétention, qui en énervera beaucoup mais en séduira certainement bien d'autres de ses petits airs glam.
Marmaduke Duke est un duo écossais formé de The Atmosphere (S. Neil, chanteur du groupe Biffy Clyro) et The Dragon (J.P. Reid, lui aussi chanteur, pour le groupe Sucioperro). Les deux hommes se prétendent parfois cousins et descendants d'une très ancienne famille royale, mais ces détails semblent plus destinés à donner sens à leurs tenues extravagantes, un rien néo-baroques. Sur scène, le groupe s'adjoint, outre les services des musiciens de Biffy Clyro, la figure emblématique, masquée et mystérieuse de The Duke, héros de la trilogie en cours (commencée avec The magnificient Duke, sorti en 2005; à conclure avec le prochain Death of the Duke).
L'album, en toute modestie, se revendique "personnification des impulsions les plus primitives et inexplorées", hymne à la danse et à l'hédonisme (et pourquoi pas revival de la décadence ?!). Soit. La suite de la com' officielle lâche, pêle-mêle, toute une série de noms aussi évocateurs que sans relation les uns avec les autres (Machiavel et Don Quichotte ?), dans laquelle chacun va pouvoir s'amuser à se créer un parcours intellectuel. Name-dropping en rafale qui se donne l'alibi de la fantaisie. Un rien facile, s'il faut le prendre au premier degré.
À si bien travailler son image (au point que certains chroniqueurs en viennent à parler, dans la langue de Shakespeare ou celle de Molière, d'un "groupe conceptuel"), Marmaduke Duke perd en crédibilité. Trop d'image tuerait donc l'image ? Miroir, mon beau miroir...
La vérité est plus simple : quelque part entre les sonorités du dernier Franz Ferdinand, la fougue de Robocop Kraus et l'esthétique du Phantom of the Paradise de De Palma, le duo propose une musique que l'on n'a aucun mal à imaginer écrite pour l'action live. Avec beaucoup de légèreté, et même un certain humour, le compteur du tempo bloqué par très loin du rouge.
Kids Glove et Rubber lover, les deux singles qui précèdent l'album, permettront de se faire une idée assez juste du contenu de l'album, même si l'on regrettera peut-être le choix de ces titres relativement appliqués, qui n'illustreront que médiocrement la folie de certaines autres compositions (par exemple le très bordélique ET jubilatoire "Pandemonium").
On passera certainement un bon moment à se dandiner tout seul dans son salon avec ce nouveau chapitre des aventures du Duke. Délicieux de kitsch, l'album offre quelques très jolis moments ("Erotic Robotic" et "Je suis un funky homme", par exemple) et l'on serait sot de ne pas en profiter. Et si en guise de décadence on en est réduit à débarrasser les restes d'un repas entre trentenaires, quel est le problème ?