Avec le printemps vient l'heure des ballades à pied ou en vélib, et Paris est jalonné de l'effigie du cinéaste Jacques Tati, immense silhouette longiligne, en arpenteur affublé d'une pipe et d'un parapluie ou en roi de la petite reine, qui est au centre d'un hommage pluri-événementiel pour commémorer, avec un léger différé, le centenaire de sa naissance.

Pour sa part, la Cinémathèque française propose une exposition consacrée au réalisateur de films devenus culte, qui a marqué le cinéma de son empreinte avec seulement six longs métrages en trente ans.

"Jacques Tati - Deux temps, Trois mouvements" a été conçue conjointement par Stéphane Goudet enseignant à la Sorbonne, critique de cinéma et directeur du cinéma Le Méliès à Montreuil et de Macha Makeïeff, fondatrice avec Jérôme Deschamps de la Compagnie Deschiens et Compagnie, cette dernière en ayant également assuré la scénographie.

Tati, deux temps, trois mouvements, un petit tour et puis s'en va

Rien d'étonnant à ce que de Macha Makeïeff soit à l'origine de ce projet dans la mesure où Jérôme Deschamps est le neveu par alliance de Jacques Tati et qu'il a créé avec sa complice à la ville comme à la scène la société "Les Films de mon Oncle" pour le rayonnement de l'oeuvre de Jacques Tati.

Macha Makeïeff, comédienne, auteure, metteur en scène, costumière et plasticienne a souhaité concevoir cette exposition comme un spectacle vivant en proposant une immersion visuelle, plastique et sonore dans l’oeuvre de Tati" avec une scénographie acidulée très graphique, pour "mettre le spectateur dans la situation de Hulot qui ne comprend pas le monde moderne qui l’entoure où tout est confusion".

Et cette exposition est effectivement construite à l'aulne des spectacles du couple Deschamps-Makéïeff, sans narration, ni psychologisme, ni ici en l'espèce de réflexion muséale.

 

 

 

 

 

 

Mieux vaut connaître l'oeuvre de Tati et son environnement historique pour apprécier les résonances avec son univers filmique induites par cette accumulation, sous forme d'un inventaire à la Prévert, de documents, d'objets représentatifs de la vie moderne et du développement technique et techniciste des années 60 et d'œuvres d'artistes.

Les deux salles d'exposition, accessibles par un long et étroit couloir tapissé notamment d'affiches qui a en point de mire la réplique du fameux tableau de pilotage du film "Playtime", sont placées sous le signe d'un manège et d'une pipe géante, emblématiques de Tati.

Sont présentés, au hasard, des modèles standardisés d'appareils électroménagers tous blancs, des dessins de Saul Steinberg, une compression de César, des meubles édités par Domeau et Pérès à l'époque où le terme design n'était pas encore à la mode, un vase hommage, dit "Vase Tati", réalisé en 2007 par Michel Lucotte, l'imperméable de Monsieur Hulot, un petit théâtre optique de Pierrick Sorrin réalisé spécialement pour l'exposition...

Gros succès pour la partie vidéo avec une batterie de 12 petits écrans qui permet de s'asseoir pour "regarder la télé" et visionner "Les leçons du Professeur Goudet" qui abordent de manière didactique l'œuvre de Tati.

A noter que l'exposition s'intègre dans le cadre d'un véritable événement-hommage à Jacques Tati, le "Tati trip à Paris", qui comprend entre autres, et outre la rétrospective cinématographique à la Cinémathèque française, le spectacle "Salle des fêtes" de Jérôme Deschamps et Macha Makéïeff à l'affiche du Théâtre National de Chaillot, la reconstitution grandeur nature de la Villa Arpel personnage central du film "Mon oncle" au Centquatre et des visites guidées "Spécial Tati" au Musée des Arts Décoratifs.