Pièce d'Alfred de Musset , mise en scène de Ladislas Chollat , décor de Jean François Servigne, costumes de Christiane Chollat avec Benjamin Boyer , Céline Melloul , Lionel Briand , Anne L. Loubigniac , Michaël Chiche , Pascale Crespy , Grégory Vouland et Jacques Nicolini

Ne vous fiez pas à l'étreinte pure et romantique de l’affiche, encore que les profils proches de ceux des Enfants terribles de Cocteau n’annoncent pas l’amour idyllique ! Il ne s’agit pas d’un "marivaudage " mais d’une tragédie.

"On ne badine pas avec l’amour" a trouvé un lieu parfaitement adéquat au théatre du Ranelagh, dans cet ancien salon de musique en chêne sculpté style renaissance flamande aux allures de donjon gothique ! Musset, "l’enfant du siècle" qui revisite le théatre de Molière, retrace les retrouvailles sado-masochistes de deux cousins. En effet, si la peinture du ridicule de la nature humaine est bien présente, les amoureux menacés se sont transformés en couple infernal.

A côté des fantoches que sont le père et les éducateurs de tous poils, grotesques marionnettes prétentieuses rendues plus sottes encore par l’ivresse ou la fatuité, dont la présentation par couple redouble l’effet comique, l’amoureux éploré et l’ingénue soumise se sont transformés en orgueilleux et en coquette.

L’affrontement entre Perdican, attaché aux heureuses amours d'enfance, qui n’accepte pas d’être repoussé et qui, dépité, revient dans l’arène en prenant Rosette, une jeune servante, comme fer de lance et Camille, qui ne veut retourner au couvent qu’avec la certitude d’y emporter et d’y expier la tragédie de l’amour, ne se limite pas à des joutes oratoires et à des échanges de propos galants en vase clos. Il leur faut une victime expiatoire et ils vont sacrifier leur bonheur sans doute mais aussi une innocente sur l’autel de leur vanité, de leur égoisme et de leur cruauté.

La mise en scène, appuyée par un décor unique consistant en un plateau tournant à l'instar des manèges d'enfants, a su trouver le ton pour un texte qui n'était pas destiné à être joué. Le spectateur, qui navigue sans cesse entre la farce et le drame, a le rire franc, mais un rire qui s'amenuise au fil des scènes,dès qu'il pressent le dénouement. La distribution est judicieuse et, sous réserve d'une Camille un peu "haletante" ,contribue à mettre en valeur le texte de Musset.