Spectacle conçu et interprété par Jérôme Rouger dans une mise en scène de Jean-Pierre Mesnard.

Un écran sur la gauche de la scène rappelle l’origine de ce procédé avec le célèbre "Je me souviens" de Georges Perec en 1978 mais aussi, avant lui, de Joe Brain qui écrivit 500 "Remember" entre 1970 et 1975. L’écran est d’ailleurs prétexte à nous envoyer des petits messages sur les retardataires que nous attendons et que, dès leur arrivée, nous pourrons "discrètement huer".

Jérôme Rouger remonte le temps pour situer son cadre dans le petit village de Terves (dans les Deux-Sèvres) et nous ouvre son album souvenir d’enfance, illustré par des photos anachroniques. Dans un exercice périlleux qui pourrait vite sombrer dans la monotonie, le funambule nous emmène en balade, d’une cour d’école à un bar de village, ponctuée parfois par une chanson d’époque ou la carte postale immuable de sa grand-mère.

Ces souvenirs personnels nous font traverser une époque mais défrichent aussi inévitablement des petits moments de vie enfouis par le temps en chacun de nous. C’est toute la magie de ce spectacle que d’être un coffre à trésors d’émotions en forme de petites madeleines goûteuses et universelles.

Avec deux fois rien (un projecteur de diapositives et deux balais) et beaucoup de tendresse pour ses personnages, Jérôme Rouger démontre un talent d’observation hors-pair et toujours ce côté aérien et décalé qui faisait toute la grâce de "Furie", son précédent spectacle. Son humour distingué nous offre avec beaucoup de simplicité une heure précieuse, qui nous laisse riche d’un trésor inestimable qu’on aurait retrouvé au fond d’une petite boîte.