Comédie dramatique de Carole Fréchette, mise en scène de Nabil El Azan, avec Hussam Abu Eisheh, Mahmoud Awad, Saleh Bakri, Mireille Roussel, Reem Talhami et Daoud Totah.

Venue dans cette ville arabe à l’occasion d’un congrès, Hélène, à la recherche de son collier "évanescent" en plastique, va rencontrer différents personnages qui lui serviront de révélateur.

C’est une version en trois langues (français, arabe, anglais) que présente ici la Compagnie La Barraca mise en scène par Nabil El Azan (qui avait déjà monté la pièce en 2002), avec pour particularité de faire jouer tous les rôles (à part celui d’Hélène) par les acteurs du Théâtre National Palestinien.

Ecrite en 2000 au Liban, lors d’un séjour d’un mois qui fût un vrai choc pour Carole Fréchette, celle-ci prend ici le point de vue d’une étrangère occidentale et parle de la perte. C’est au travers de cette perte d'un banal collier qu’Hélène peut comprendre celle beaucoup plus douloureuse de tout un peuple. Cette prise de conscience d’une douleur collective à travers ces diverses rencontres va lui permettre d’abandonner peu à peu son arrogance et ses certitudes de riche européenne pour aller vers le principal. La pièce, même si elle est ancrée au Moyen-Orient, dépasse le cadre du Liban ou de la Palestine pour avoir une portée universelle.

Nabil El Hazan propose ici "Le collier d’Hélène" dans une version sombre, rythmée par les notes graves et assourdissantes d’un piano. La mise en scène tendue, conçue autour d’un dispositif de panneaux mouvants dont certains servent d’écran pour révéler parfois le détail d’un visage, le tout cerné de caméras de surveillance.

Mireille Roussel, d’une présence inouïe, incarne avec infiniment de talent une Hélène qui évolue au fil de la pièce, de rencontres en découvertes. A ses côtés, les comédiens du Théâtre national de Palestine sont tous criants de vérité. Et leur quotidien, si proche de celui de la pièce, ajoute encore à l’émotion.

Une pièce grandiose et essentielle, mise en scène avec puissance et inspiration, dont on souhaiterait qu’elle soit vue par le plus grand nombre, tant ce message : "on ne peut plus vivre comme ça" est d’une trop brûlante actualité.