Comédie satirique de Claire Prendki, mise en scène de Sophia Madar, avec Nicolas Behar, Rafaël Dupont, Lucie Gaubert, Cyril Guenneteau, Delphine Ladarre et Lucile Miot.
Trois S.D.F installés quai de la Rapée à Paris, bientôt rejoints par un quatrième larron, un prof de philo au chômage, sont contactés par la présentatrice d’une chaine télé pour une émission spéciale, censée les sortir de leur situation.
"Cloches de Noël" de Claire Prendki est un texte caustique et mordant qui montre les travers de notre société. Le monde des exclus, trop rarement montré au théâtre (hormis avec "Histoire de Marie" de Brassaï, "La lune des pauvres" de Jean-Pierre Siméon ou encore "Félix" de Christina Crevillén), est ici restitué avec beaucoup de vérité.
Ces personnages, à l’image de Dany, usé jusqu’à la corde et ayant perdu toute illusion, sont terriblement touchants. L’auteur restitue avec talent leur quotidien, le manque de considération dont ils font l’objet et leur grande solidarité les uns pour les autres. Le texte, même s’il simplifie certaines situations et ne s’embarrasse pas de psychologie, est aussi une satire féroce de la télé-paillette et du commerce des bons sentiments.
La mise en scène de Sophia Madar, fine et sensible, nous entraine dans cette histoire et sait avec peu de choses, créer deux univers bien distincts, la rue et la télé, (aidé par la sensationnelle musique de Daly). La distribution est malheureusement un peu trop inégale malgré des comédiens prometteurs, et c’est peut-être le seul reproche qu’on pourrait faire à ce spectacle.
Dans le rôle de Dany, Cyril Guenneteau porte l’aventure avec beaucoup de justesse et de sobriété. Sans effets superflus, il parvient à nous faire croire tout du long à son personnage d’ex-routier, père adoptif de cette petite bande. Bravo.
Il faut aller visiter Dany et ses copains, ne serait-ce que
pour se rappeler que cette période de fêtes, sirupeusement
mercantile et outrancièrement indécente, est aussi
une période de grande détresse pour certains.