La dernière Master Classe de l'année 2009 présentée par Jean-Laurent Cochet dans le cadre de ses Cours Public d'Interprétation Dramatique revêt un caractère singulier qui avait déjà été annoncé au public, et qu'il avait déjà évoqué au cours des entretiens qu'il nous accorde régulièrement de même que Pierre Delavène, le directeur des Cours Cochet, au cours d'une interview que nous publions cette semaine.

En effet, sans se prêter à l'exercice des auditions devant un aréopage des "gens du métier", il a souhaité leur présenter les élèves qui sont aptes à jouer la comédie et, pour certains d'entre eux, particulièrement avancés dans l'acquisition de leur métier, prêts à tenir des rôles principaux, dans le cadre de ces soirées publiques en invitant les professionnels à se mêler aux spectateurs.

Jean-Laurent Cochet se tient bien évidemment présent sur scène, comme à son habitude, côté cour, mais, au cours d'une brève présentation liminaire, indique qu'il sera dans la position d'un spectateur, certes un peu particulier, mais qu'il s'abstiendra de tout commentaire sur le jeu des élèves pour qui le moment est venu d'assumer et d'assurer le déroulement de la scène choisie.

Des scènes donc, extraites du répertoire classique comme du théâtre contemporain, ainsi que des textes, qui ont pour fil rouge l'éclectisme afin de composer, comme l'indique le Maître, "une farandole théâtrale" et un spectacle .

Point d'intervention du professeur donc, point de fables, hélas pour les amateurs, mais un florilège

La soirée commence avec la première scène de "Les fâcheux" de Molière pour l'exercice de style et de haute voltige qui consiste à réunir plusieurs élèves qui ont appris le texte et à les faire intervenir de manière aléatoire, au pied levé, afin de reprendre la tirade sans en interrompre le déroulement.

Exercice extrêmement difficile, destiné à illustrer deux des règles impératives qui s'imposent au comédien - être toujours concentré, Jean-Laurent Cochet préfère d'ailleurs le terme "rassemblé" et à l'écoute de son partenaire - et qui est toujours très époustouflant pour le public.

Ensuite, de Victor Hugo à Woody Allen en passant par Charles Péguy, Yasmina Reza, Tennessee Williams et Alfred de Musset, entre autres, ce sont pas moins de 17 scènes qui vont composer ce florilège qui atteste de la pertinence et l'efficacité de l'enseignement de Jean-Laurent Cochet, socle fondateur permettant d'aborder tous les répertoires, tous les registres et tous les rôles.

L'autre intérêt de cette soirée est de révéler que ce socle fondateur, commun à tous les élèves, n'entraîne aucun formatage. En effet, il est patent de constater la diversité des physiques, des emplois et des tempéraments avec une constante en deux déclinaisons qui manquent parfois, trop souvent, aux acteurs que l'on voit sur scène : la présence et la personnalité.

Et le public ne s'y trompe pas.

La soirée se clôt avec un trio de choc constitué de Marina Cristalle, Axel Blind et Jean-Laurent Silvi, anciens élèves de Jean-Laurent Cochet devenus ses assistants, qui délivrent une scène d'une comédie hilarante, "La jument du roi" de Jean Canolle.