Comédie dramatique de Ingmar Bergman, mise en scène de Laurent Laffargue, avec Dider Bezace, Fanny Cottençon et Céline Sallette.
Dans "Après la répétition", pièce au titre ambigu et à la temporalité incertaine, Ingmar Bergman évoque, par l'intermédiaire de son factotum, un metteur en scène à l'automne de sa vie, l'amour du théâtre et sa fascination pour les comédiens.
En l'occurrence les comédiennes, qu'il ne peut dissocier des femmes, et pour lesquelles la direction d'acteur ressortit également à la séduction amoureuse de la même manière que, symétriquement, les comédiennes intrinsèquement fragiles restent des femmes qui peuvent également jouer de leur art tant sur plateau que dans le vie.
D'où une superposition et une confusion de sentiments érigées en processus ritualisé, pour Bergman, de moteur de la création. Grand analyste quasi obsessionnel des relations intimes, notamment celles des hommes et des femmes, qui a souvent mêlé vie professionnelle et vie privée, il propose au spectateur une déclinaison autofictionnelle d'un épisode autobiographique avec Lena Olin, où le metteur en scène se trouve pris en tenailles entre la fibre pygmalionesque et l'attrait du fruit vert pour une jeune comédienne et la tendresse pour l'ancienne maîtresse et comédienne déchue à double titre. Et derrière l'anecdote, il y a une belle dissection du métier d'acteur et de l'ambivalence du metteur en scène.
Laurent Laffargue a opté pour une scénographie laborieuse et tautologique, un écran pour rappeler que Bergman était cinéaste, un plateau tournant pour symboliser l'onirisme des scènes, un peu de vidéo et des sorties dans la salle pour casser le 4ème mur, qui s'avèrent dispensables et ne servent pas vraiment le propos.
Sur scène, Didier Bezace et Fanny Cottençon réussissent leur prestation et donnent corps à leurs personnages abîmés, chacun à sa manière, par la vie et Céline Sallette, jeune actrice issue du CNSAD, à l'image de son personnage, est peut être une comédienne en devenir.