En avisant la quatrième de couverture, je lis ceci : Cette chronique raconte les premiers mois de notre nouveau souverain [Nicolas Sarkozy] et de sa Cour, avec, pour respecter la tradition d’insolence de notre pays, un ton que j’ai voulu moqueur et distant.
C’est donc un pamphlet dont l’auteur, Patrick Rambaud, veut nous faire croire qu’il respecte ainsi une tradition d’insolence qui serait propre à notre pays. Et cependant, il se déclare distant. Ce qui veut dire que son livre est loin d’être une œuvre partisane. Il ne s’agit point d’un pamphlet politique écrit par Léon Daudet, le fils d’Alphonse, lequel fustigeait régulièrement les parlementaires de la IIIème république, croyant en l’avènement futur de la monarchie, ou des articles violents de Laurent Tailhade, l’anarchiste qui, durant l’Affaire Dreyfus, n’avait cessé d’insulter les prêtres et les militaires.
Encore moins puis-je songer à Léon Bloy. Ce dernier avait en horreur le monde moderne. Bref, il menait une véritable lutte métaphysique contre ses contemporains, car il attendait avec angoisse le jugement de Dieu, soit celui, redoutable, qui séparerait une fois pour toutes les justes des mécréants.
Non, Patrick Rambaud se veut avant tout moqueur. On pense alors qu’il va se ranger dans la lignée de Paul-Louis Courier dont l’unique souci était, dans cette première moitié du XIXème siècle, d’étriller le pouvoir tout en brillant par sa prose.
Il est certain que Patrick Rambaud n’aurait pas été, à l’instar de Courier, insensible au succès. Mais, hélas, sa Chronique du règne de Nicolas Ier est plutôt un ouvrage de circonstance qu’un véritable chef-d’œuvre de la littérature de combat.
Je ne reproche pas à l’auteur l’actualité de son livre (certaines pages de Rivarol ne sont-elles pas, en effet, incompréhensibles si l’on ne les replace pas dans leur contexte ?). Ce n’est pas non plus le style qui me fait juger durement l’œuvre de Patrick Rambaud. Au contraire, Chronique du Règne de Nicolas Ier est un livre bien écrit et montre que son auteur a du métier.
Mais lorsque je me rappelle les événements qui ont marqué les premiers mois de Nicolas Sarkozy en tant que président de la république, je suis déçu qu’une telle matière ne puisse donner lieu au mécontentement ou au rire destructeur. En parcourant l’ouvrage de Patrick Rambaud, je ris, certes, un peu. Pourtant, quelle déception, quand l’auteur rapproche le discours devant les élites africaines d’une lecture trop assidue par notre président et maître de la bande dessinée Tintin au Congo d’après Hergé !
Oui, j’attendais mieux de ce livre qui, d’autre part, trouve des qualités imaginaires à Dominique de Villepin. N’est-ce pas lui qui fut brocardé, jadis, par Pierre Jourde pour la médiocrité de son Éloge des Voleurs de Feu (voir en particulier Le Jourde & Naulleau. Précis de littérature du XXIe siècle) ? N’est-ce pas lui encore qui ne put empêcher la guerre américaine en Irak ?
Enfin, Chronique du Règne de Nicolas Ier flatte trop le lecteur pour ne point éviter, fatalement, ma défiance.