Comédie dramatique de Jean-Pierre Klein, mise en scène de Philippe Hadrien, avec Agathe Alexis, Anne de Broca et Nicole Estrabeau.

Ne vous fiez pas totalement au "pitch" de la pièce "Meurtre par omission" qui focalise sur l'euthanasie, ni à son titre. Car Jean-Pierre Klein, auteur dramatique et psychiatre, ne traite pas uniquement ce sujet de société, et d'actualité, qu'il inscrit par ailleurs dans un contexte spécifique.

En effet, "Meurtre par omission" relate un huis clos qui met aux prises trois soeurs douloureuses, dont deux sont au chevet de la troisième, en état de survie, qui a aidé leur père à mourir dans lequel Jean-Pierre Klein aborde de nombreux thèmes psychanalytiques.

Il examine l'euthanasie sous l'angle de l'analyse transactionnelle en montrant que cet acte, qui se veut un acte d'humanité désintéressé, n'a rien d'un acte gratuit et est, comme tous les actes humains, soumis à la règle du bénéfice pour celui qui le commet.

Par ailleurs, et surtout, il plonge au coeur conflictuel de la sororité avec tout ce qu'elle implique de jalousie et de rivalité pour la quête de l'amour exclusif du père, de coalitions à géométrie variable et de pulsions fratricides, tous ces jeux psychologiques qui illustrent le fameux triangle dramatique victime-sauveteur-persécuteur.

L'écriture de Jean-Pierre Klein, toute en nuances janusiennes, laisse ouvert le champ de réflexion et il est aisé de comprendre ce qui, dans ce registre dramaturgique, qui se situe quelque part entre Tchekhov et Bergman, a intéressé Philippe Adrien qui signe la mise en scène. Une mise en scène intimiste, au rythme très lent qui laisse la part belle au jeu de l'acteur.

Aux côtés de Nicole Estrabeau, étonnante de présence dans le rôle muet de la soeur malade, Agathe Alexis et Anne de Broca personnifient avec talent, justesse et finesse l'ambiguité de ces femmes en état de détresse, demeurées, malgré les années, des enfants anxieuses en revendication d'amour.