Textes de José Pliya, mise en scène de Sophie Akrich, avec Jean-Pierre Becker, Isabelle Fruchart et Paulin Fodouop.

Sur le thème "un siècle d'humanité" proposé par le quotidien l'Humanité pour célébrer son centième anniversaire, José Pliya, enseignant, dramaturge, nouvelliste, conteur et romancier béninois, a écrit des "Lettres à l'humanité" qui évoquent, par la parole, et plus précisément à travers la plume intercessive, les douleurs enfouies qui sont le lot des gens ordinaires, fêtus de paille pris dans la tourmente de l'Histoire

La sélection portée sur scène concerne certains sujets toujours brûlants, souvent tabous, parfois controversés, tels la colonisation, la guerre, l'holocauste, l'exil, qui, de la Grande Guerre à la Guerre d'Algérie, ont marqués essentiellement la première moitié du 20ème siècle, vus sous la focale de l'attachement à la terre, aux racines et à l'identité fondatrice de l'homme.

Plus subjectifs que documentaires, les textes de José Pliya sont davantage emprunts d'humanisme que de polémique, même si celle-ci affleure néanmoins habilement de manière sous jacente, focalisés qu'exhaustifs, de manière à montrer ou rappeler l'impact des stratégies géo-politiques sur la destinée individuelle.

Dans la petite salle intimiste "Le Paradis" du Théâtre Le Lucernaire, où un empilement de boîtes d'archives évoque ce lourd passif qui obscurcit le ciel du siècle nouveau, pour ce difficile exercice de mise en voix de correspondances, Sophie Akrich a opté pour la théâtralisation sous forme de monologues appréhendés comme des scènes à part entière "jouées" par les comédiens.

Dans une scénographie expressionniste de Erwann Creff, Paulin Fodouop, Jean-Pierre Becker et Isabelle Fruchart s'investissent totalement dans ces personnages du quotidien, de la majorité silencieuse, subissante, et à qui on ne donne pas la parole, qui ne comprennent pas ce qui leur arrive, dans un spectacle qui participe de l'indispensable devoir de mémoire et alimente également la réflexion sur les événements contemporains par la résonance et l'universalité de ses thèmes et de son questionnement.