Ridicule.
Pas eux, moi.

A la première écoute, en fonds, j'ai décrété devant notre "david le grand" que ce disque qu'il venait soumettre à mon analyse n’était qu’une des nombreuses tentatives d’un vague courant "neo-hippy" (j’étais déjà saoul probablement) pour faire prendre le conservatisme musical le plus dénué d’imagination pour  le "must"  de la modernité. 

A ma décharge, même à jeun, je classe la pochette de Furr directement dans le top 3 des pochettes les plus laides que j’ai pu voir cette année.

Et, s’il est vrai que chaque époque musicale favorise  certains enchaînements d’accords et constructions harmoniques, on se trouve bien ici replongé dans une ambiance générale qu’on pourrait, selon le filtre précédemment défini, qualifier de "late sixties / early seventies"  américaine.

Mais selon l’instrumentation, on se promène de country folk à rock indie, en croyant reconnaître fugitivement les Eagles, Supertramp ou Queen  pour l’utilisation du piano et des voix, parfois les Pixies, plus certainement Bowie et Beck pour la subtilité des compositions, les dissonances et la capacité à transcender des recettes classiques en plats inédits.

Car là réside un des intérêts majeurs de ce groupe : L’atmosphère générale peut en rappeler beaucoup d’autres, et c’est cela qui, superficiellement, m’avait conduit à le rejeter,  mais il s’agit bien ici d’un groupe authentique, certes inspiré par sa culture musicale mais qui ne s’y complait pas, la dissout et la dépasse dans des créations originales, avec une utilisation importante mais subtile des possibilités de travail sur le son et les effets qu’offrent les moyens techniques actuels.

Autre atout majeur : Chanteur et musiciens sont excellents, et, chose finalement assez rare, jouent "ensemble". Je veux dire par là qu’on "sent" la cohésion et la complicité du groupe dans l’exécution des chansons. Qui plus est, et ceci découle certainement de la constatation précédente, il émane de ce disque souvent une vraie liberté, parfois une certaine euphorie, toujours une vraie joie.

A écouter en particulier "Gold for bread", "Furr", "God + suicide" , "Saturday night", le  magnifique "Black river killer"  et le jouissif "Fire + fast bullets", plus sauvage. Mais tout l’album est vraiment excellent, et ne révèlera pas ses trésors à la première écoute.

Pour qui aime la qualité musicale, ce disque doit faire partie de vos achats de l’année.