Nouvelles de Clarice Lispector mises en scène et interprétées par Clotilde Ramondou.
Un escalier pentu nous emmène à l’étage comme si on allait visiter un appartement. On pénètre dans la petite pièce vide. Le parquet craque, on se masse sur les bancs de bois, prêts déjà à communier. Elle arrive alors du fond de cette pièce dont on aperçoit l’imposante cheminée de marbre, cheveux défaits et vêtue d’un long imperméable.
Pas le moindre éclairage (si ce n’est une lampe derrière la vitre, dehors, et la dernière lumière qui tarde à s’enfuir) et c’est sa voix qu’on écoute. Cette voix grave, posée et intense qui vient dire les mots de Clarice Lispector, auteure brésilienne à l'écriture lumineuse dont elle traduit de la façon la plus sensible qui soit la pensée.
Ainsi dits par cette comédienne fascinante dont la silhouette se découpe maintenant devant le premier rang où elle est venue s’approcher dans ce silence d’entre chien et loup, ils prennent soudain tout leur sens. Avec une voix si évocatrice qu’on est immédiatement immergé dans le récit.
Il y est question de blattes qu’on assassine et plus tard d’une petite fille qui sait tout et d’un poussin qui sera tué, d’une octogénaire stupéfaite de son désir toujours présent ou d’une lumière parfaite - fulgurante source de félicité. Au fond, rien d’autre qu’un regard scalpel et souvent drôle porté sur les choses et au-delà d’elles, avec infiniment d’amour.
Aucun artifice ne viendra parasiter ou dénaturer cette parole simple et vraie, directement reliée de la comédienne Clotilde Ramondou aux spectateurs comme une cérémonie de partage. Elle est venue délivrer cette parole avec conviction et simplicité, comme on murmure une confidence. Et dans la pénombre du jour qui tombe, égraine les petites histoires comme autant de présents qu’elle nous fait.
Et puis, digne et assurée, elle se retourne et repart
comme elle était venue. Non sans nous avoir offert entre-temps,
un véritable moment de grâce.