Pour cet automne, le Parc de Bagatelle se pare de cristal avec une exposition promenade intitulée "Jardins de cristal" initiée par Daum, Saint Louis, Baccarat et Lalique, les quatre prestigieuses cristalleries de la Région Lorraine, terre de verre, elle-même surnommée le jardin de cristal et berceau de l'Ecole de Nancy.

Le Parc de Bagatelle, havre de beauté paisible, constitue un lieu de promenade idyllique et une destination incontournable pour les journées ensoleillées de l'été indien parisien.

Arriver à l'ouverture, alors que la rosée titille les pattes des paons peu farouches qui accueillent le public juchés sur les terrasses, indifférents aux tours de La Défense qui limitent leur horizon, et que la ville est encore assoupie dans les limbes de la fin de semaine, permet de profiter agréablement de la plénitude et de la quiétude d'un parc qui s'éveille à la journée.

Les pas guident naturellement le visiteur vers le Trianon où sont exposées les pièces maîtresses de l'exposition, scénographiées par Vincent Dupont-Rougier comme des paysages d'un étrange pays fait de cristal.

Le chemin qui y mène est au demeurant richement jalonné. Après le chant magique de l'eau qui ruisselle sur la fontaine du Maharadjah, réalisée par Saint Louis, sous le regard des bustes antiques, les palmiers de la cour du Trianon se parent d'efflorescentes voluptueuses et luxuriantes qui tintinabulent au moindre souffle d'air.

En passant par la Lorraine…

Sous un éclairage tamisé, passé le lustre végétal créé par Vincent Dupont-Rougier, se déroule un voyage immobile dans les jardins extraordinaires du luxe et de la beauté qui entraîne le visiteur du jardin de l'Eden au jardin futuriste en passant par le jardin à la française et le jardin tropical.


Une pièce d'eau à la japonaise et des cimaises colorées en gabions composées de débris de verre, matière première du cristal, constituent l'écrin lumineux de ces arts décoratifs nés du savoir faire de l'homme.

Couleur ambre et végétation tropicale pour célébrer la collection "Chine" de Daum qui invite à la méditation.

Pour Saint Louis, devenue cristallerie royale au 18ème siècle, luxe et volupté ne pouvaient se décliner qu'à la française.

Ainsi, autour des vases et vasques érigés en statues, les verres et flûtes en cristal chartreuse se plient docilement aux sinueuses, et domestiquées, arabesques des massifs de buis.


Pour Lalique, dont le nom reste associé à l'art nouveau, de la source d'inspiration pérenne que sont la faune et la flore, est né une ode à la nature, celle qui prévaut en l'occurrence dans le Parc de Bagatelle, peuplée de poissons multicolores, d'insectes et de tortues.

Enfin, avec Baccarat, sous les feux de lustres florescents, les verres et carafes se sont assemblés en plantes et fleurs d'un genre nouveau pour un nouveau monde célébrant le rouge rubis.

… Bagatelle en cristal

Ensuite, plutôt que de suivre le parcours guidé, le visiteur, encore ébloui par tant de miroitements secrètement abrités et dévoilés, préfèrera sans doute flâner et se laisser surprendre par les pièces exposées dans le parc.


Au détour d'un bosquet, un scintillement attire le regard. Il faudra s'approcher pour débusquer l'ours polaire de Baccarat qui prend le frais dans la mare aux nénuphars rafraîchi par la petite cascade.

Le lac du grand rocher constitue un écrin de choix pour poser le lustre Excess sphere de Saint Louis qui offre une jolie métaphore avec la grande cascade.


Les amaryllis de Daum aux reflets chatoyants dansent comme des flammes de cristal au bord des rives de la pièce d'eau des cygnes noirs/

Et charmant spectacle que ces canards et cygnes blancs qui rendent naturellement visite à leurs homologues, les fameuses sculptures animalières du bestiaire de Lalique voguant sur le bassin des oies de Magellan.

Luxe, nature et volupté...