Il y a 18 ans, sortait le premier album de Clan of Xymox. Groupe pas encore franchement estampillé gothic à l'époque (du moins personne ne se posait la question, époque bénie où l'on achetait encore des disques d'artistes inconnus simplement par ce qu'ils étaient sur tel ou tel label, en l'occurrence le mythique 4AD) qui s'était glissé dans un créneau musical issu d'un mélange de New Order et ses synthétiseurs et de Bauhaus et son rock batcave.
Ainsi nous découvrions "A day" et ses rythmes quasi militaires, ses synthétiseurs regorgeant de sons hors du commun pour l'époque et la voix si particulière de Ronny, seul membre rescapé de Clan of Xymox qui n'a donc de Clan que le nom ce soir du 18 novembre 2003 qui restera dans nos mémoires.
Car en effet, quand vous avez aimé un groupe qui est l'auteur de Xymox, de Medusa, voir même éventuellement de Twist of Shadows et que vous l'avez détesté pour des disques de soupe techno dance comme Phoenix... qu'espérer d'un concert au juste ?
Une réconciliation, un retour aux sources telle une cure de jouvence, une confirmation que "putain c'était bien les années 80" ou plutôt l'assurance quasi testamentaire que le passé ne sera jamais devant et que peu de groupes survivent aux années et aux tendances musicales au balai desquelles il est bien difficile d'échapper.
Après une attente fort longue, plus d'une heure trente après l'ouverture des portes, les 4 Xymox arrivent donc sur la scène de la Loco. Et déjà on se doute que cela ne va pas se dérouler comme nous l'aurions aimé. Si la demoiselle au décolleté franchement plongeant derrière ses claviers fait à peu près bonne figure, le petit guitariste, tout droit sorti d'une bande dessinée fétish à deux balles en faux latex simili cuir vernis et surtout la bassiste et le chanteur, tout deux échappés d'une manga adaptée de la famille Adams (surtout Ronny, du haut de ses 40 piges et des ses talons compensés de 20 centimètres) apportent aussitôt de l'eau à notre moulin à déceptions avant même les premières notes.
Et les premières notes, et ce jusqu'à la dernière, nous aurions souhaité (j'aurais souhaité en tout cas, je me demande pourquoi je dis nous tout à coup...) qu'elles restent à jamais enfermées dans ces petites boites de plastiques, retenues sur ces galettes brillantes appelées CD. CD desquels sort un son si pur et si travaillé, une voix à la fois limpide et inquiétante, des chansons inoubliables telles que "A day", "Stranger", "Evelyn" ou encore le fabuleux "Moscoviet Mosquito" découvert par accident sur une compilation 4AD.
On aurait voulu ne jamais voir que toutes les percussions sortaient d'une boite à rythme et que les Xymox n'aient pas fait l'effort de renforcer leur clan de 2 ou 3 percussionnistes pour tenter de donner vie et chaleur .On aurait voulu bien sûr ne jamais voir que la demoiselle derrière ses clavier se contentait la plupart du temps de lancer des samples (dont la durée peut même égaler la durée totale d'un morceau) et d'attendre patiemment le bon moment pour en lancer un autre.
On aurait, par dessus tout, aimé que le petit guitariste ne fasse pas semblant de jouer, même quand il n'y avait pas de guitare, on aurait voulu que la basse soit simplement présente, au lieu de faire la potiche à couettes pendant que son mari de chanteur, raide comme un passe lacet arthritique se gardait le beau rôle, celui d'imiter le gars qui chantait si bien avec cette voix si envoûtante sur disque, en grattant de temps à autre une guitare sans conviction, pour nous rappeler les riffs si entêtants croisés ça et là dans la discographie de Xymox, comme les "glitchs" sur "A day", par exemple...à tout hasard....
On aurait voulu ne jamais voir, en tout cas, ce pitoyable spectacle d'un groupe qui n'y croit pas lui même, vision pathétique de clowns gothiques tentant de s'accrocher de la pointe des doigts au bord d'une falaise friable de laquelle il avait déjà glissé depuis Phoenix.
En écrivant cette chronique, je me repasse le premier album en boucle ... comment peut on en arriver là après avoir écrit des titres comme "A day" ou "Stumble and fall" ? ... en vieillissant mon ami... en vieillissant...
L'avenir est définitivement devant... avec Xymox à bout de souffle, loin derrière.. ne pas se retourner surtout, on risquerait de se faire avoir encore une fois par nos sentiments.