Réalisé par Samuel Benchetrit. Avec Anna Mouglalis, Edouard Baer, Jean Rochefort, Jean Pierre Kalfon, Laurent Terzieff...

Semaine morose dans le Nord de la France, tout est bon pour fuir la pluie, la grêle, le vent, le froid et tout autre réjouissance d'une météo capricieuse.

La perspective d'assister à l'avant première du deuxième film de Benchetrit était donc tout a fait appropriée, les teasings étaient alléchants, et avaient suscité ma curiosité. Et je ne vous cache pas que je suis une inconditionnelle des moustaches de Jean Rochefort et de la mèche folle d'Edouard Baer.

Il est vrai que le casting est truculent : Anna Mouglalis, Alain Bashung, Arno, Jean Pierre Kalfon. Des noms qui nous promettent une expérience cinématographique singulière et insolente, dépareillant du paysage cinématographique francophone actuel. La surprise sera-t-elle de la même veine qu’un C’est arrivé prés de chez vous ou des Valseuses ?

Dès les premiers plans le ton est donné : Un Edouard Baer bedonnant s’apprête affublé d’un bas opaque sur le visage à braquer une cafeteria plantée sur une aire d’une Nationale peu fréquentée. Nul ne doute que l’opération est vouée à l’échec et nous entrons ainsi de plein pied dans un univers décalé, absurde et souvent très drôle.

Le tout porté par une image en noir et blanc, usant d’un format rappelant les films amateurs d’un autre temps réalisés en super 8. Chaque séquence est chapitrée rappelant que l’écriture est le premier amour du réalisateur et quoi qu’on en dise l’homme a l’art du titre.

De cette manière, nous rencontrons au cours des différents actes un braqueur bien benêt face à une serveuse au sang froid déroutant, une adolescente suicidaire et ses ravisseurs fans de Bob Marley et de Corn Flakes, deux célèbres chanteurs à la fleur de l’âge qui partagent leurs souvenirs autour d’un café et en profitent pour régler un vieux malentendu autour du tube "Gaby" , des papys gangsters inoffensifs en manque de chlorophylle et de braquages. Sans oublier en toile de fond une cafétéria déserte au kitchissime improbable repaire idéal pour tous ces apprentis gangsters.

Ce film est bourré de bonnes idées aussi bien dans ses procédés filmiques, que dans ses dialogues, et pour ne rien retirer à notre plaisir les acteurs sont en pleine forme. C’est aussi clairement l’œuvre d’un cinéphile et c’est peut être la que le bat blesse il use de références et ce sans les égaler. L’effet comique est également affaibli par des pesanteurs de rythme.

Un sentiment en demi teinte à l’issue de ce film? peut être mais faut il pour autant faire l’impasse? Franchement non. Ce serait se priver d’une bonne tranche de rigolade et de quelques scènes vouées à devenir cultes.