L'écoute de "Sad songs for dirty lovers " dernier album de The National ne peut en rien laisser présager de sa performance scénique! Pas davantage d'ailleurs que de voir ses membres avant le concert, comme ce fût notre cas, pendant une presque trop sérieuse interview !
The National est manifestement un groupe de scène composé de musiciens, et des bons, et d'un chanteur charismatique qui ne peuvent que prendre du plaisir à jouer en live. Et bien que court, ce fût un des meilleurs concerts de la saison !
Dès les premières notes, on comprend pourquoi Matt Berninger cite Joy Division ainsi que les comparaisons redondantes des chroniqueurs avec Stuart Staples (le chanteur des Tindersticks), même si il avoue ne pas connaitre ce groupe avant qu'on lui en ait parlé.
Aidé par Jim Beam (version bouteille, à la manière de Calvin Russell et son Jack Danielsl), son fidèle compagnon qui finira confisqué par le batteur, accroché au mirco, chaviré, perché sur la pointe des pieds, en déséquilibre constant, Matt Berninger chante les yeux clos, perdu, noyé dans l'interprétation de ses textes. Quand il ne chante, pas, il boit, il fume, et surtout il se tient dos au public et arpente la trop petite scène, se contorsionne, se plie en deux, sous le regard mi inquiet, mi comprehensif de Aaron.
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Et The National ont un son ce qui n'est pas le moindre de ses intérêts. En live, le son est plus brut, plus dense, plus rock'n'roll pourrait on dire et toute la puissance contenue sur le disque se libère ici. Mais attention puissance n'est pas synonyme de bruitisme et décibels et bien que les lignes mélodiques ou rythmiques soient identiques, les morceaux sont magistralement interprétés au sens premier du terme et prennent une tout autre dimension que la voix de Matt exploite à la perfection.
Ainsi si "John's star" par exemple reste proche de la version initiale, "Lucky you", ballade folk-rock propre sur elle sur l'album, devient sur scène une incroyable machine de guerre à broyer les idées noires , les guitares se font plus vicieuses, la voix incontrôlée nous livre des émotions mises sur la touche par les arrangements de l'album et "Murder me Rachel" se rapproche beaucoup du chant torturé de Ian Curtis.
The National alternera des morceaux de son ancien album "Brassland" et nous créditera de quelques inédits pendant près d'une heure où il démontrera un véritable potentiel qui laisse rêveur pour l'avenir quand on sait qu'il ne jouait pratiquement pas en live avant son premier album.
Impossible de ne pas songer aux concerts de Joy Division tels qu'ils sont rapportés ou se rappeler le live semi épileptique de Nick Cave à l'Olympia.
Un excellent concert d'un groupe qui pourrait bien défrayer la chronique dans quelques temps avec ses prochains concerts à l'automne et la sortie d'un nouvel album prévu pour début 2004.