Alors que l’ensemble de la planète clame l’avènement de l’électro comme le nouveau mode tribal, les parisiens de Black Strobe annoncent la couleur, techno-electro.

Burn your own church. Choisis ton camp camarade. Et détruis les opposants. Longtemps attendu, ce premier album complet de Black Strobe a de quoi séduire le chaland et l’amoureux de séquences live.

Car cet album se fout fort de la techno-electro en fait. Burn your own church se joue instrumental et fort dans les enceintes, au point de sûrement décontenancer les amoureux de la première heure et des débuts sur la compil Sourcelab de 1996.

Oh bien sûr, l’attaque de "Brenn di ega Kjerke" tape dans le chorus dilaté typique des musiques de club, infrabasse régulière et sol qui tremble, mais déjà l’envie d’un nouveau regard semble se faire sentir chez Black Strobe. Des sirènes de police oui, mais en formes de guitares lourdes et des parties vocales solides pour assurer le live, le défendre. Comme s’il fallait grandir avec son public et s’attaquer aux choses sérieuses ; l’instrumentation et la sueur. Alex Gopher a pris le même chemin voila peu avec son album éponyme. Question de maturité, les clubbers veulent en découdre.

Quitte à tenter la modernité avec un essai très Dave Gahan sur "Girl next door". C’est l’indus’ mise au pas, la fureur des raves minimales sur un clavier pas plus long que ca. C’est bien meilleur que MSTRKRT. Et puis il y a des pépites érotiques pour les coïts, des mélodies qui tapent sec sans réfléchir ("Blood shot eyes") en lorgnant vers le rock sans délaisser leur compagne la boursouflée Clubbing.

Et pour prouver qu’ils ne rigolent plus, les Black Strobe tentent même l’impensable, et de bien belle manière, avec une cover de "I’m a man de Bo Diddley", ici technoïde à souhait, mais sans perdre le boogie. Si les gens peuvent encore danser sur du Diddley en 2007, personne ne peut y voir d’objections. C’est en bons fossoyeurs que les Black Strobe parviennent à donner une nouvelle identité au titre.

"Lady 13" est une excellent surprise, et tout ce que Cassius n’a pas réussi à faire : Des chansons. "Lady 13" possède la rugosité et la noirceur indus’ adaptée au plus grand nombre. Un grand titre pop qui aurait été oublié par Nathan Fake ou Depeche Mode, on y revient forcément.

Ce sont étonnamment les titres les plus rocks (l’excellente clôture sur "Last club on earth", un signe ?) qui prennent l’avantage, comme si la page était tournée, les clubs fermés et la scène prête. Reste au final un album qui a su tirer profit de l’expérience club, de longs titres sans complexe de durée, en l’adaptant aux usages ; du rock et des guitares qui ont la foi. Les églises constituent d’excellents dance-floor.