Rendre Hommage à la musique créative, iconoclaste et partouzarde des années 67-74 a l’air d’être le truc de Franck Tortiller, vibraphoniste français et directeur de l’Orchestre National de Jazz depuis l’année dernière. Voilà qui n’est pas sans rappeler l’époque bénie de l’ONJ de Laurent Cugny.

Après un disque de reprises, remarquable et remarqué, l’Orchestre National joue des thèmes écrit par Tortiller, inspiré directement de cette manne inépuisable des années bénies 1968-1975

Une radio qui cherche le bon tempo, le groove, voilà comme commence le deuxième album de l’ONJ de Franck Tortiller, avant que son trompettiste Jean Gobinet ne claque une phrase à la Miles Davis. Le ton est lancé, nous voici projetés dans les contrés électriques de cet album justement appelé Electrique.

Tout ce qui fit la période est là : thème le plus plus groove, comme les deux morceaux "The move", très construits avec la rythmique impeccable de Patrice Héral à la batterie, excellent chanteur par ailleurs, et souvent très inspiré et morceaux plus introspectifs comme "Les angles", ou le saxophoniste Eric Seva sait sans esbroufe laisser aller une ambiance très "Maupin" (le sax d’Herbie Hancock, même si on peine à trouver l’influence du pianiste, pourtant réclamée par Tortiller). Ce premier paragraphe pourrait faire passer le disque pour une resucée des disques de Truffaz. Il n’en est rien. Il est comme toujours bien loin derrière…

Cette fournée de L’ONJ, dont Electrique est certainement le dernier projet avant changement de personnel aura vraiment lorgné sur un jazz métallique, sans doute porté partiellement par les compositions de son directeur, dont on connaît l’intérêt pour le rock (son tribute to Led Zeppelin est encore dans les mémoires). La présence d’ailleurs de deux vibraphonistes et d’arrangements particulièrement bien vus fait souvent penser, en dehors de l’époque étudiée ou peu s’en faut à la meilleure période du label Prestige, matinée avec un jazz-rock sans guitare, oui, c’est possible.

Comme souvent, c’est le titre qui porte le nom de l’album qui apporte le plus de réponses : Electrique se tient en trois mouvements, et multiplie les clins d’œil à Miles Davis, en allant lorgner également auprès des figures de cette époque, Et notamment Freddie Hubbard ou Weather Report. Electronique utilisée à bon escient et parcimonie, écriture intelligente, cet ONJ là est une bon cru…