Comédie dramatique d'Harold Pinter, mise en scène d'Alexandre Filleteau, avec Hélène Bernard, Anthony Gavard, Nicolas Kaplan, Olivier Louis-Marie, François Maurin et Gaetan Zampaglione.

Une maison de repos comme une prison au milieu de nulle part, un espace en-dehors de tout et des patients qu’on évoque mais que l’on ne voit jamais.

Ils sont deux à poser des problèmes au directeur de l’établissement en ce matin de Noël. Un décès et un accouchement : c’est mauvais pour la réputation de cette petite entreprise au personnel bien particulier…

L’enquête est lancée : il faut à tout prix préserver la notoriété de la maison. Mission confiée par le directeur à son assistant Gibbs: découvrir le père de l’enfant. On glisse ensuite d’une conversation à une autre, d’un membre du personnel à l’autre. Les mots de chacun s’agglutinent : ils sont débités ou déclamés, ils invectivent chez Roote, sont implacables chez Gibbs, ou se précipitent comme un ultime moyen de reconnaissance dans le cas de Lamb, jeune employé chargé de vérifier les serrures… mais au final chacun reste dans sa bulle et semble créer son propre dialogue, un moyen de se faire sa place aux dépens de autres.

Des personnages qui développent l’image d’un établissement fermé : une prison de repos qui vit régentée par un directeur rigide et détraqué....

Le système part en vrille, les événements s’imbriquent sournoisement les uns après les autres et dévoilent la folie et le rapport d’oppression inhérents au lieu. Au fur et à mesure que l’histoire se déroule, ressort toute la tension régnant dans l’établissement, la pression sournoise qui s’y est instaurée et les rapprochements étranges qui s’y sont formés.

L’écriture admirable d’Harold Pinter (prix Nobel de littérature 2005) est à la fois éminemment aiguisée et irrésistiblement drôle. Chaque personnage transmet sa part de folie et les interprétations talentueuses de chacun nous promènent durant 1h40 dans les méandres de cette maison déjantée.

De l’absurde qui secoue les zygomatiques et des comédiens formidables qui savent nous transmettre leur passion pour ce dramaturge anglais (et ont d’ailleurs, pour la plupart, déjà eu l’occasion de le jouer auparavant).

Le plaisir est direct et le délire tout proche, pour nous, simples spectateurs, qui assistons médusés et hilares à la déperdition de cette "Hot House" ...