Edouard de’Pazzi vient de l’écriture et l’œil du photographe qu’il est devenu s’inscrit dans une démarche de création artistique plus littéraire que plastique, l’objectif et la chambre obscure servant de média "pour capter l’indicible".

"Photographier est pour moi avant tout un acte contemplatif. Je ne considère pas ou plus la photographie comme une fin en soi. Elle est un trait d’union entre l’idée et sa représentation."

Avec "Memento Morti", il présente, à la Maison Européenne de la Photographie, un ensemble de photographies, images du passage.

Ce ne sont plus celles de la réalité et pas encore celles de la représentation mentale, images tangibles mais éphémères que seul le troisième oeil, la camera obscura, aura su saisir.

Le corps vivant est mortel et, déjà, l’image est déjà floue, atteinte par les premiers pixels de l’ombre qui plane sur la vie, instant fugace entre deux néants et que la lumière capte dans son éternité.

Pour ces photos de grand format en noir et blanc, le traitement de la lumière blanche et des noirs profonds, couleurs duelles et symétriques, révèle ce qui est caché et pourtant toujours présent.

Et cependant aucune atmosphère mortifère ne se dégage de la salle, devenue crypte dans laquelle règne une certaine sérénité.

La morbidité n’est pas tant dans la représentation de cette transition entre le corps vivant et le symbole de la mort que dans le regard qui voit au-delà de l’apparence première, de cette image "d’après" qui fait d’une échine ployée un crâne.

Edouard de’Pazzi propose également deux vidéos réflexives sur le souvenir de la vie archaïque et la marche inexorable du temps.